Si aujourd'hui vous voyez Zacharias, vous verrez un véritable sourire sur pattes, insouciant et où aucune ombre ne semble faire pâlir ses commissures. Et pourtant, ce petit est loin d'avoir eu la belle vie. Ses plus belles années, dira-t-il, seront certainement celles passées à BeauxBatons, même si le début fut compliqué. Mais revenons-en à avant tout ça.

Zacharias est né en Grèce, d'une jeune mère fuyant quelques semaines après la naissance de son unique fils leur pays, afin de fuir la misérable vie d'Athènes qu'elle y menait. Et tout ça, "grâce" à un dénommé Charles Duroy, français pur souche aimant voyager et ramener des souvenirs de ses nombreuses escapades. Et quel beau souvenir fut cette petite Alexa à ses yeux, petite prostituée aux bouclettes blondes de 20ans qu'il prit sous son aile et pourtant sans pensée chrétienne malgré ses croyances. Cependant dans une chance inouïe pour la prostituée, la vie de ce vieil homme ne dura que quelques années encore avant que son corps n'aille retrouver la Terre et son âme, dira Alexa, les enfers.

Et elle avait prié pour ça, tant prié, découvrant le catholicisme comme porte de sortie à cette vie, qui était certes, plus riche, mais pourvue de beaucoup moins de liberté qu'à l'époque de la Grèce. Et parlons-en de cette richesse d'ailleurs : la seule qu'il lui resta après la mort de son ancien bourreau, fut celle qu'elle eut le temps de voler avant de disparaitre de cette demeure digne d'une cage. Comment une domestique pouvait obtenir la richesse de cet ancien bourgeois de français ? Elle ne pouvait pas. Elle le savait, elle n'était pas dupe malgré un travail dans lequel elle n'utilisait que son corps. Et même si désormais catholique, ce "vol" là ne fut pas son dernier pêché. Comment changer de vie alors qu'elle n'avait connu que la prostitution ces dix dernières années, aussi bien à Athènes, passant entre les mains de nombreux hommes, qu'en France, restant bloquée entre les doigts gras de ce français ? Et puis, elle devait bien nourrir son enfant, son petit Zacharias, ce doux Zacharias, qui n'avait rien demandé à personne, encore moins à ressembler à l'un de ces grec puant et l'empoignant contre un peu d'argent dans les ruelles pavées et sombres de la capitale. Les gênes étaient durs et montraient inexorablement la dominance de mère nature avec un brun aux yeux d'un marron très clair, enfanté d'une blonde aux yeux verts. Mais après tout, ils étaient tous enfants de Dieu, non ?

Ou enfant de Satan. C'était ce qu'elle commença à lui cracher à la figure le jour ou d'un mouvement incertain de la main, Zacharias, alors âgé de 10ans, figea une étagère prête à choquer la tête de sa mère à cause de mauvais travaux. Alors que la reconnaissance aurait dû être de mise, ce fut, au contraire, tout son amour maternel et sa raison qui s'envolèrent de son coeur. Si Alexa se retenait de crier à tout va en pleine rue que son fils était mauvais et probablement l'oeuvre du malin -après tout au final, que pouvait-on attendre d'une catin et d'un sale grec payant pour des actes normalement destinés seulement à enfanter ?- elle ne fit pas moins de la vie de son enfant, un enfer.

L'école de Zacharias était au final un refuge. Non pas par la présence de sauveurs, car avec sa précédente timidité, il fut compliqué au corps enseignant -si intéressés aurait-il pu être- de voir un quelconque changement dans son attitude. Mais par la distance physique qu'il s'y creusait alors entre lui et les propos ignobles de sa mère, dans lesquels il était cependant obligé de replonger chaque soir -ou du moins, quand Alexa était seule. On ne saurait dire si on devait poser un "heureusement" ou un "malheureusement" pour lui, mais cette incident avec l'étagère fut le seul à déplorer, comme s'il se renferma après avoir dévoilé une mince once de sa personnalité magique. Comment un enfant pouvait accepter une telle chose, un tel pouvoir de sa part, sortant d'il ne savait où et brisant l'amour de sa mère pour le transformer en une haine sans nom mélangé à une peur... rationnelle après tout ?

Cette chance, il ne la comprit pas, même quand il reçut une lettre de l'école de Beauxbatons. Sa relation avec sa mère s'étant tant détériorée, il ne lui en parla pas et garda bien cachée cet enveloppe mystérieuse pour ne pas appuyer un peu plus sa différence aux yeux géniteurs. Perdu entre deux mondes, l'un rejetant la personne qu'il était et où il semblait être seul, et l'autre... Un monde ou il serait apparemment parmi les siens. Si cette lettre n'était pas une mauvaise blague ou un plan échafaudé pour que le garçon fuit de la maison à la recherche de cet archipel de la magie et se perde en chemin. Ou pour se retrouver face à un appartement vide à son retour après un jour ou deux de voyage. Mais il ne voyait nullement ce genre d'idées sournoises dans la tête de sa pauvre mère. Il n'y voyait qu'une peur amère et agressive et de multiples questions sans réponses dans son esprit, mais rien d'aussi sournois à son encontre. Enfin, si l'on ne compte pas l'abandon physique en plus du mental quand il se retrouva grippé et livré à lui-même. C'est certainement à ce moment-là qu'il eut une pensée qu'un enfant de 10ans ne devrait pas avoir : se jeter dans la gueule du loup d'un potentiel piège car au final, ça ne pourrait pas être pire qu'ici, si ?

Dire que Zacharias n'en croyait pas ses yeux serait un euphémisme. Tout le long de son pauvre chemin -accompagné d'une liasse d'argent empruntée à sa mère plus d'une bourse qui allait avec l'envelopp- les rencontres défilaient et son corps se mêlait à une foule de "comme lui". Il discernait des lettres identiques à la sienne au fur et à mesure du chemin, suivant ce parfait inconnu qui l'avait attendu à Cannes, comme s'il savait qui il était et la raison pour laquelle ils se retrouvaient là. Tout était perturbant, de la normalité de chaque familles jusqu'à chaque excès de magie, que cela vienne d'elles ou des objets des magasins l'entourant. De ce champignon jusqu'à la transformation de cette piteuse embarcation en passant par cette nouvelle... Maison ?

La 1ère année fut ... Compliquée et pas des moindres. Il avait du mal à se rendre compte qu'il était sorcier. C'était une immense gifle, compliquée à digérer, à accepter. Comment pouvait-il en plus s'y faire, alors que plus aucune manifestation magique n'avait eu lieu de sa part ? Chaque cours de magie était un inexorable échec. Sa baguette ne faisait rien. Lui non plus. Malgré toute la pseudo volonté du monde. Il se rattrapait néanmoins dans les connaissances et toutes autres matières dans lesquelles il n'y avait pas à user de magie! Potion, botanique, vol... Naissant alors un véritable bout-en-train, bavard, excentrique, bienveillant mais surtout souriant. Assez pour se créer son cercle d'amis et être intégré malgré son absence de magie visible, dans sa maison et dans les couloirs. Bien sûr, il y avait les sangs-purs hautains et mesquins qui se moquaient de lui ou n'en pensaient pas moins, accablant l'esprit du pauvre Zacharias qui en avait marre d'entendre ces voix.

"C'est la preuve que tu es un sorcier Zacharias. Un moldu ne peut pas entendre les pensées des autres !"