La jeune fille partie, les deux hommes attendaient le retour de l'infirmière. D'après le petit mot, elle venait de quitter son infirmerie et se rendait sur le lieu de l'accident. Certainement s'étaient-ils croisés. Enfin. Melville avait posé le professeur sur un des lits, dans la semi obscurité de la salle de repos. Lui, était assis près de lui, le regardant dormir si paisiblement. Il avait de nombreuses brûlures qui lui entaillaient la chaire, mais qu'importe. Il n'avait rien de mieux à faire de toute façon. C'était peut-être à ce moment précis, que quelque chose changea. Timidement, silencieusement. L'adrénaline. Le baiser quelques instants plus tôt. S'en rappellerait-il ? Certainement pas. D'ailleurs, s'il l'embrassait. Là. Maintenant. Comme un prince embrassant la belle au bois dormant. S'en souviendrait-il ? Certainement pas.

Alors l'auror se pencha, doucement, grimaçant à cause de ces quelques blessures. Et, tel un papillon délicat, il posa légèrement ses lèvres contre celles toutes rosées du professeur. Il y avait quelque chose de doux, dans ce simple petit baiser. Leur premier baiser. Son tout petit secret que le quart-vélane ne partagerait qu'avec lui seul. Prenant une inspiration, il sentait l'odeur si particulière de Lysander. Un court instant plus tard, il se releva, le regard taquin et se touchant les lèvres du bout des doigts. Disparaître là maintenant avait été une option, le quart d'une seconde. Mais il avait pas mal de soins en attente. Il lui caressa doucement la main, puis se releva du lit pour aller s'asseoir dans un fauteuil à côté, très fier de son petit secret privé.

Peut de temps après leur arrivée, l'infirmière arriva en trombe à son tour, criant après Melville qu'il aurait dû l'attendre là bas, qu'il avait été inconscient bla... bla... Le jeune homme n'écoutait pas. A vrai dire, il était bien trop inquiet pour le professeur qui était toujours inconscient. Et si c'était plus grave que prévu ? Après avoir à son tour crié sur l'infirmière de l'école afin qu'elle "bouge son gros derrière pour soigner son ami", elle daigna, toute penaude, soigner l'homme endormit. Elle avait pu bander ses blessures, apparemment ce n'était pas très important, mais il devrait beaucoup se reposer.

De suite, elle déshabilla Melville qui gémissait en mordant un tissu, les vêtements avaient par endroit collé à sa peau. Il lui faudrait aller à La Rochefoucauld subir quelques soins. Elle était en train de lui nettoyer une plaie superficielle lorsque Lysander se réveilla finalement. Là, il fit un geste à l'infirmière pour qu'elle laisse tout en plan. Cette dernière leva les yeux et les mains au ciel dans un geste théâtral de profonde exaspération, ceci avant de s'éloigner pour rappeler une énième fois les ambulances. Mel s'approcha du professeur en lui souriant, le visage pâle et les traits tirés par la douleur de ses blessures.

Ne me remerciez pas, vous avez fait le plus dur. Reposez vous. Lui dit-il doucement en lui caressant la main avec empathie. Tout ira bien maintenant.

Rapidement, il se leva et tendit le bras pour inciter Lysander à se rallonger. Il lui prit le verre des mains et accompagna son mouvement pour que sa tête rejoigne le coussin. Le professeur avait besoin d'énormément de repos, et pas du tout de dépenser son peu d'énergie à s'excuser et se dire qu'il aurait pu faire mieux. Tous les deux étaient en un seul morceau, c'était tout ce qui pouvait les importer. Mel se retrouvait alors torse nu, avec quelques pansements rapides posés sur ses plaies en attente de soins, penché par dessus Lysander. Il lui toucha la joue et planta son regard dans le sien.

Lysander... Arrêtez de vous morfondre et reposez vous. Nous aurons besoin de vous en cours, Professeur. Prenez soin de vous, afin de pouvoir nous revenir ne pleine forme. Nous comptons sur vous après tout. lui dit-il, presque autoritaire, avant de se relever.

L'infirmière arriva de nouveau accompagnée de deux hommes en tenue de transporteurs magiques. Les ambulances venaient d'arriver, et venait le moment où Mel devait aller se faire charcuter à l'hôpital. Un soupire. Il n'avait définitivement pas envie d'y aller, en plus il étaient tous fous dans cet hôpital. Il tendit un index vers le professeur alors que l'infirmière posait un linge sur ses épaules pour ne pas que les plaies soient à l'air libre autant que pour l'empêcher d'attraper mal.

Je dois aller avoir des soins, je reviendrai bientôt pour prendre de vos nouvelles. Je compte sur vous... Dit-il avant de finalement se pencher de nouveau vers Lys, cette fois-ci pour lui embrasser une joue. Merci pour tout,
Lysander, sans vous je n'aurais rien pu faire et je m'en serais tiré avec beaucoup
plus de blessure. Merci infiniment.

Après un petit geste amical pour l'homme allongé, il se laissa entraîner par les deux hommes jusque dans l'ambulance.