Ma paume se presse sur mon genou tandis que mes lèvres prononcent rapidement les mots d'un sortilège. De mes mains se répand alors une douce chaleur qui apaise légèrement la violente douleur qui m'empêche de marcher. Et ce même avec mon parapluie que j'utilise comme canne. D'ailleurs, celui-ci s'est brisé lors de ma chute. Et mes mains tremblent trop pour que Reparo fonctionne correctement. Je suis paniquée, c'est une évidence, mais la fureur qui me consume me fait presque oublier le sang qui coule de mon arcade jusqu'à ma mâchoire ainsi que les diverses griffures qui me lacèrent le corps. Ce n'est point la première fois que je me retrouve dans une situation dangereuse pendant une recherche de "on dit". Je ne suis Mais jamais je n'ai été seule. Être si près du manoir familiale me rassurait peut-être avant mon départ. Faire confiance à ma partenaire...Pourquoi n'ai-je point penser à préparer moi même cette aventure?

J'écarte une mèche, collée à mon visage. Les nuages se sont évidemment levés pour déverser sur mon être une pluie drue et glaciale. Mais je me moque bien d'elle, trop occupée à laisser ma rage envahir mon esprit. Vivianne, mon associée, m'avait pourtant affirmé que tout était organisé. Qu'elle avait payé des sorciers locaux pour venir m'assister dans la recherche de ce fameux serpent à plusieurs pattes, le Beithir. Il aurait été aperçu dans les Highlands, proche de la bourgade de Thurso. Un mensonge, comme un autre...Je n'avais point trouvé cette fameuse équipe en arrivant dans le village qu'elle m'avait indiqué. Et aucun habitants ne m'avaient confirmés ces fameuses rumeurs.

Agacée de m'être déplacée sans raison, j'avais fini par partir marcher dans les sublimes landes de mon merveilleux pays. Me promener...Une activité me calmant malgré ce genou défaillant. Et je pense que vous vous doutez de la suite. Je l'avais rencontré, cette immonde créature alors que je vagabondais près d'ne falaise. Le Beithir avait surgit de la pierre, peut-être alerté par mon odeur. Si! Je sais me défendre contre les créatures! Mais cette dernière s'était montrée particulièrement agressive et pugnace. Je l'avais amoché autant qu'elle me l'avait fait, réussissant ainsi à la faire fuir. La bataille nous avait éloigné de son territoire et je l'avais vu s'enfuir, se traînant comme je l'avais sur bien des mètres avant de m’effondrer dans la campagne. Mon genou avait fini par céder.

Me voilà donc au sol, souillée de boue, de pluie, de sang et de terre. J'ignore que faire. Transplaner? Je suis épuisée, jamais je ne réussirai à le faire correctement et je voudrais point perdre un membre lors de la téléportation. Je m'allonge sur la terre mouillée, la respiration saccadée. Je porte ma main sur ma poitrine et c'est alors que je la sens, cette pierre que l'on m'a offerte il y'a peu de temps. Dois-je l'utiliser? Adam peut-il transplaner de France jusqu'ici? Il me semble être un sorcier puissant. Non! Il se moquera de ma personne en me voyant dans un si pitoyable état. On finira par venir me chercher. Et si la bête venait à me retrouver? N'est-il pas sublime de mourir dans l'exercice de son métier? Mon orgueil fini par s'éteindre quand je fini par ressentir les douleurs des lacérations sur mon corps. Je referme alors mes doigts sur le pendentif et ferme les yeux pour me concentrer.

"Monsieur Pugh...s'il vous plaît...Monsieur Pugh "

Il ne viendra pas, c'est une évidence. Mais qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas?

Disparaître? Oh non! Ce n'est point une simple altercation avec une créature que j'aurais imaginé moins imposante qui me fera rejoindre les étoiles. Si je suis des plus maladroites, je m'estime pourtant assez chanceuse. Quand bien même ma personnalité curieuse tend à se retrouver dans des situations délicates, jamais je n'ai failli y perdre mon âme. Ou une quelconque partie de mon corps. Si je suis meilleure sorcière que je ne le pense? J'ai surtout un bon instinct de survie et j'ai aussi appris certains sorts lorsque j'étais l'associée d'un important zoomagicologue. Ou alors, comme tant à le croire ma chère mère, nous possédons tous divers chemins prédestinés et je sais trouvé, inconsciemment, les bonnes issues pour ne point en finir avec cette vie. Oui, Lunara Vernoyer ou plutôt Lunara Jonhstone croit à la réincarnation. Principe qui m'a toujours amusé. Comment la Terre pourrait-elle être surpeuplé si les esprits se recyclaient? Surtout que certains restes parmi nous. D'ailleurs, si je devais revenir en ce monde, prendrais-je l'apparence d'un hamster? J'aurais tôt fait de m'ennuyer à devoir vivre dans une cage et courir toute la journée dans une roue. D'autant que je n'ai jamais été une impressionnante sportive.

J'ai oublié mes douleurs, souriant de me voir en rongeur quand apparaît à mes côtés Adam Pugh. J'en sursaute, surprise. Oui, je pensais qu'il résisterait à l'envie de m'aider que lui impose ce bracelet. M'en plaindre? Ciel! Je suis heureuse d'avoir un peu d'aide. Personne au ville de Thurso ne s'inquiétera de mon absence. Ou du moins pas de sitôt. Les villageois en viendront sûrement à penser que j'ai regagné le manoir familiale se trouvant à environ deux heures d'ici. Du moins en transport moldu et par beaux temps.
Mes lèvres laissent échapper un grognement lorsque le restaurateur d'art me soulève pour poser ma tête sur sa jambe. Mon regard se pose alors sur mes plaies, plus profondes que je ne l'aurait cru.

"Me laisser mourir vous rendrait votre liberté."

Je le crois sincèrement même si je ne pense toujours pas que quelques griffures et de l'épuisement vont m'ouvrir les portes du paradis.D'autant que je ne peux point devenir ange avant d'avoir pu me vanter de mes exploits. Orgueil? Peut-être. Mais n'est-il pas normal, lorsque tous vous prennent pour une illuminée sans cervelle, de vouloir redorer son blason. D'ailleurs ma main vient se glisser dans ma besace, inspirée de cette grande mage qu'était Mary Poppins, pour en sortir un mouchoir ensanglanté d'où dépasse mon trophé. Je l'ouvre, pour laisser apparaître une griffe aussi longue que mon avant bras. Je souris, fièrement malgré les remontrances que me fait Adam Pugh.

"Je m'en sors victorieuse! Vous saviez que cette créature, lorsqu'elle vous transperce de ses crocs, vous injecte un venin de plus mortels? Vu la taille de ses dents, je tend à penser que..."

Mais je n'ai pas le temps de finir. Parler m'essouffle et rend mon abdomen douloureux, comme si on y insérait des lances. Je me sens fatiguée, oui, mais je veux point montrer à cet homme qui me méprise que je suis prête à m'effondrer dans ses bras. Je ne suis guère sûre que le bracelet soit aussi efficace qu'il l'affirme et je ne désire aucunement qu'il se venge lors de ma phase d'inconscience.
Monsieur Pugh, énervé, me demande alors où se trouve la ville ou le village le plus proche. C'est alors que je remarque sa fatigue. Pardi! J'aurais du lui signaler, lors de mon appel, que je me trouvais fort loin. Mais serait-il venu?

"La bourgade de Thurso est à environ trois quart d'heure de marche d'ici." d'un geste fébrile, je sors ma baguette pour la poser de ma tempe avant d'en faire de même sur celle d'Adam Pugh. Un léger filet bleu, détenteur de ma connaissance des lieux, s'échappe de mon esprit pour venir s'ancrer dans celui de l'artiste. "Voilà" dis je doucement. L'envie de m'endormir est de plus en plus forte.

Ma fatigue n'est pas seulement due à l'intense lutte que j'ai mené contre l'effroyable créature. Depuis quelques minutes, je sens mon sang bouillir. La douleur est partie d'une de mes plaie, à mon flanc gauche. Ma peau et ma chair me brûlent avec une ardeur qui me ferait arracher nombre de cri si je n'étais point aussi fière. Je pensais avoir échappé au venin de la bête...mais je sens celui-ci venir ronger mon être, le meurtrissant et l'épuisant. Je redoute le moment où mon cœur se contractera. Mourir...je n'avais jamais songé à cette éventualité. Peur de partir? Je l'ignore. Il est tant de chose que je désire découvrir et tant de gens à qui je ne veux point faire de peine.Adam? Oh non, je suis persuadée qu'il se réjouirai de mon départ. Il serait libéré de ses chaines. L'inquiétude, que je lis sur son visage, me touche même si je devine que ce sentiment n'est du qu'au bracelet. Ma main se lève avec fébrilité tandis que l'artiste me soulève avec une douceur qui me surprend. Je l'aurais pensé plus brusque, tout du moins avec moi. Ma paume vient se poser sur sa joue.

"Vous auriez été un être exceptionnel si vous aviez laissé fondre toute cette haine qui pétrifie votre cœur."

Mes lèvres s'étirent dans un léger sourire. La fatigue n'a cessé de me gagner. Ma main retombe contre mon torse et mes paupières se ferment. Je lutte, en vain. Je vais m'endormir. J'entend alors la voix d'Adam prononcer mon nom. Ma tête se tourne lentement contre son torse. Quitte à partir, autant ressentir un peu de chaleur humaine, même venant d'un être qui éprouve à mon égard le plus profond des mépris.

"Oui..."

Ma voix n'est plus qu'un murmure. Je ne peux faire mieux. Lutter pour ne point m'endormir consume le reste de mon énergie et accapare ma concentration.

Sa voix me semble lointaine. J'aurais pensé, jusqu'à maintenant, que cette impression d'éloignement n'était qu'un effet pour rendre un écrit plus dramatique. Et pourtant...J'ignore si je m'endors de fatigue ou si mes paupières se fermeront pour ne plus jamais s'ouvrir. Il n'y a pas de lumière blanche, aucune âme qui s'élève au-dessus de mon corps pour rejoindre les cieux. Les brûlures qui meurtrissent ma chaire sont-elles un prémisse aux flammes de l'enfer? Je souris, encore une fois. Même épuisée, mon esprit vagabonde en tout sens. Sûrement serais-je capable d'agacer les anges avec mes divagations. J'userais leur patience et ils me banniront parmi les démons. La réincarnation? Je n'y ai jamais réellement cru. Mais il me paraît évident que si je devais renaître, je prendrais l'apparence d'un minuscule hamster. Rongeur malin, peu dangereux. Il amuse un temps puis on fini par l'oublier ou le son de roue fini par irriter assez pour qu'on l'abandonne. Je préférerai qu'il n'y ai plus rien après ma mort...

Mon corps se fait soudainement plus léger. Si j'ai confiance en Adam? Le bracelet l'oblige à me protéger, il ne pourra pas me faire de mal. Jamais je ne l'aurais appelé s'il n'aurait pu m'aider. Oui, il m'effraie. Il n'est pas un jour où je regrette mon geste mais la peur que j'éprouve à son égard m'empêche de revenir en arrière. Je suis bien heureuse que l'artefact l'empêche de se venger. Monsieur Pugh m'aurait offert une mort plus douloureuse que celle d'un violent venin rongeant la moindre de vos cellules. J'aimerais m'excuser avant de partir...Mes lèvres tentent de bouger mai seul un simple râle s'échappe. Je me maudis avant de sombrer totalement dans l'inconscience.

Des voix fortes, des cris me réveillent, l'espace d'un instant. J'entre-ouvre brièvement les paupières. Nous sommes au village. Une paume, douce, me caresse le village et je reconnais l'odeur de Madame McLeod. Sa présence me rassure autant que celle d'Adam et je sombre de nouveau dans les songes.

"Qu'avez-vous donc fait à la jeune Johnstone?" s'exclame la vieille femme qui, alertée par les villageois ayant aperçu ce grand homme portant dans ses bras une demoiselle connue de tous, ait sortie de sa demeure pour voir la cause de tant d'agitation. La chevelure rousse de l'inconsciente l'a rapidement inquiétée. Inutile pour elle de jouer des coudes pour rejoindre cet inconnu. Ici, on la respecte et on la craint et tous se sont écartés de son passage pour la laisser gérer l'affaire.

"Elle disait vouloir chasser le Beithir" s'exclame un adolescent à la tignasse couleur paille. Argument qui fait froncer les sourcils de Madame McLeod. Son regard, dur, se pose alors dans celui de l'étranger.

"Suivez-moi. Quand à toi Jimmy, va chercher Gregoryen." ordonne t'elle à l'enfant qui part en courant. Après un geste de la main signifiant à celui qu'elle a reconnu comme étant Adam Pugh, elle part d'un pas rapide vers une maison de pierre de taille sur laquelle est écrite auberge. La sienne, depuis bien des années. Un écriteau indique qu'humains et sorciers sont les bienvenues. Simple blague pour les moldus. Toutefois, deux portes encadrent le comptoir de l'accueil. Sur l'une, un hibou est gravé tandis que l'autre est simplement orné d'une fleur. C'est cette première qu'ouvre avec fracas l'aubergiste. Elle ne cherche pas la chambre la plus confortable mais la première disponible. Ce n'est qu'une petite pièce dans laquelle se trouve un grand lit.

"Posez là ici."dit-elle après avoir ouvert les draps. Aussitôt la jeune femme posée, McLeod fait apparaître de quoi nettoyer le visage ensanglanté de Daria."A t'elle réellement fait la rencontre d'une horrible créature ou dois-je prévenir un Auror?"

Son regard perçant se pose de nouveau dans celui d'Adam Pugh. Ses lèvres s'entrouvrent de nouveau pour une autre remarque acerbe quand un homme,aux immenses lunettes rondes fait son apparition.

"Cesse de mesquinerie Rowena! Tu vois bien qu'elle possède des griffures et je doute que ce Monsieur possède des ongles assez pointues pour lui faire pareille plaie. Offre donc une chambre à ce jeune homme pour qu'il puisse se reposer pendant que je m'occupe de Mademoiselle."

Son ton, autoritaire, indique qu'il ne discutera pas. Un râle mécontent s'échappe de la vieille femme avant qu'elle ne sorte de la chambre pour ouvrir la porte de celle d'en face.

"Vous pouvez rester ici le temps que le médecin s'occupe de notre Daria." crache t'elle avant de rejoindre le medicomage pour l'assister dans ses soins. Plus d'une heure s'écoule avant qu'ils ne ressortent tout deux de la pièce. Celui se faisant nommer Gregoryen frappe à la porte de la chambre où se trouve Adam. Poli, il n'ose entrer, préférant parler derrière le pan de bois.

"Mademoiselle Johnstone va mieux. J'ai pu recoudre ses plaies et éliminer le venin qui rongeait son corps. Par chance, il n'avait pas atteint son cœur.Je vous remercie d'avoir panser ses plaies. L'hémorragie aurait été plus importante si vous n'aviez pas fait ses premiers gestes médicaux. Votre amie se repose mais si vous désirez la voir pour vous rassurez, n'hésitez pas à le faire."

Mon esprit vagabonde entre songes et inconscient tandis que l'on m'ausculte. Je n'arrive toujours point à ouvrir les paupières mais je perçois les discussions de mes soignants. Elles me paraissent floues et parfois je me sens m'endormir. Ce ne sont que des bribes de conversation que j'arrive à attraper, par petits morceaux. Mes plaies et mon état de santé sont les principales préoccupations de mes sauveurs. Le poison est puissant, je le sens parcourir mes veines et laisser des traces dans chaque morceaux de chair qu'il a déjà pu visiter. L'homme, dont je ne reconnais la voix, s'en inquiète. J'aimerais pouvoir mouvoir mes lèvres, les informer qu'au fond de mon sac se trouve un antipoison de ma confection. L'idiote que je suis est une excellente maîtresse des potions. Cela vous surprend? Je ne suis pas une totale incapable comme pourrait le penser Monsieur Pugh. Je me suis toujours félicité de mes connaissances et de ma force de volonté. D'ailleurs, c'est cette dernière qui me permet d'enfin prononcer un simple mot : besace. L'effort me coûte. Si ma langue me paraît engourdie, mes poumons quand à eux brûlent. Respirer m'est de plus en plus difficile. Combien de temps vais-je encore lutter avant de sombrer dans l'inconscience pour l'éternité?

Le bord froid d'une fiole rentre en contact avec mes lèvres et je sens un liquide se déverser dans ma bouche puis le long de ma gorge. Le goût? Il m'importe guère. Tandis qu'un de mes médecins s'occupe de faire disparaître le venin, un autre soigne mes plaies. L'aiguille me pénétrant m'est douloureuse. Mon visage esquisse une grimace. Une main, chaude, se pose sur mon front et j'entend la vieille McLeod me réconforter. L'antidote fait son effet, me dit elle avec bienveillance. Ma peau n'est plus bleuté. Et, rassurée, je fini par m'endormir, épuisée.

J'ignore combien de temps je dors mais seule les rayons de la lune éclaire la pièce quand je me réveille. Dans le reflet du miroir sur le mur opposé, j'aperçois une silhouette adossée près de la porte. Ma tête se tourne vers celui qui m'a sauvé. J'esquisse un doux sourire. Jamais je n'aurais cru que voir Adam Pugh me ferait plaisir. Lui qui m'effraie tant...Mais je ne suis point seule et, après aussi dure épreuve, je suis prête à rester en compagnie d'un ancien détenu d'Askaban. Oui, j'ai entendu l'aubergiste en parler rapidement au médecin. Une belle commère à la langue de vipère. Si j'éprouve, à l'image de McLeod, un mépris à son égard? Nous avons tous le droit à l'erreur, je ne connais point son histoire et ne peut le juger. Toutefois, il m'en terrifie davantage et je ne me sens encore prête à lui retirer le bracelet.

"Merci"murmurais-je. Parler m'est encore difficile, je me sens rapidement essoufflée. Pourtant, je refuse de me taire, par orgueil sans nul doute "Vous devriez rentrer et si vous refusez..." avec difficulté et non sans émettre de gémissement de douleur, je me décale dans l'immense lit pour laisser une place à Adam. Je tape d'ailleurs la place libre avec délicatesse pour ne pas me fatiguée plus que je ne le suis déjà "Venez. J'aime vous avoir près de moi quand vous m'insultez..."

Je fini par m'écrouler dans mes coussins, un sourire amusé relevant mes fossettes. Oui, je fais référence à ce fameux jour où je l'ai enchaîné. Il m'avait prise dans ses bras pour me menacer. Me moquer de lui? Plus ou moins, malgré la peur que j'éprouve quand je pense à ce qu'il pourrait me faire une fois libéré, j'éprouve l'envie de l'avoir avec moi.

Mon rythme cardiaque s'accélère tandis qu'Adam Pugh s'installe à mes côtés. Pourquoi donc tant de gêne soudainement? J'ai déjà connu le loup, pour reprendre cette drôle d'expression que j'ai souvent entendu s'échapper des lèvres de ma meilleure amie. Je me sens comme une vulgaire adolescente, intimidée d'être près d'un homme. Oh, j'ai parfaitement conscience que je n'attire point le restaurateur d'art. Même le plus puissant des artefacts ne peut forcer les sentiments, je continue de le penser. Alors pourquoi accepte t'il ma requête? Par pitié sans aucun doute. Je dois être si grotesque, ainsi épuisée et blessée que même le cœur le plus sombre ne peut se moquer de ma demande. Monsieur Pugh ne serait point aussi mauvais que l'a affirmé McLeod? Je l'ignore mais, pour le moment, je ne m'en soucie guère. Il me rapproche doucement de lui, je me laisse faire. Je n'aurais point la force de me débattre et, je n'en ai guère l'envie. Je me blottis contre lui. Je me sens protégée, j'en oublie l'effroi qui me noue le ventre quand je songe à sa terrible vengeance. J'apprécie la chaleur de son corps qui me berce et j'en viens à songer que j'aimerais rester ainsi éternellement.

"N'oubliez pas que j'ai pris une griffe à cette créature. Je m'en voudrais de vous arraché un ongle"murmurais-je à nouveau. Le sourire toujours aux lèvres, je fini par fermer les yeux."Bonne nuit Adam". Ce sont mes dernières paroles avant que je ne m'endorme, heureuse du confort que m'offre le bras et la présence de l'artiste.

Ce sont les cris de la vieille McLeod qui me réveille. Le ballon d'un enfant a percuté une de ses fenêtres. Je ris légèrement, amusée du mauvais caractère de l'aubergiste. Je ne suis guère surprise qu'elle n'ai jamais eu d'époux. Une pensée déplacée? Je suis celle qui refuse tout mariage. Enfin! Cesse d'idées mesquines! Ma respiration m'est moins difficile et si mes muscles me sont encore douloureux, je suis à présent assez consciente pour me sentir bien trop sale. L'odeur de mon sang n'a t'elle donc point incommodé Adam Pugh? Mon regard se pose sur lui. Il me paraît si paisible. J'observe chacun de ses traits où, pour la première fois depuis notre rencontre, je ne vois ni colère ni dégoût. Il est bel homme. Je l'avais déjà remarqué évidemment. Mais, ainsi endormi, il m'est attirant. Et lorsque mon regard se pose sur ses lèvres, j'éprouve l'envie de les goûter. Peut-être l'aurais-je fait si j'avais été une jeune femme plus assurée. Je me contente donc d'un simple baiser, sur sa joue avant de me lever.

"Aïe".

A me laisser désirer mon sauveur, j'en ai oublié mes blessures et notamment cet irréductible genou résistant encore et toujours au moindre soin. Je l'ai trop malmené hier, j'en ai conscience. Il a cédé, alors que je me levais pour me diriger vers la salle de bain et me voilà les fesses sur le tapis, avec le plateau posé sur ma table de chevet. M'a t'on apporté le petit-déjeuner? C'est une aimable attention et j'espère qu'on en a fait de même pour Adam. Il mérite les meilleures des traitements.

Je n'ai point le temps d'attraper ma baguette pour réparer mes erreurs qu'Adam vient à mon secours. L'aurais-je réveillée en l'embrassant ou toute cette cacophonie l'aurait extirpé des bras de Morphée? Je n'ose imaginer le nombre d'insultes qu'il m'offrira. Mais l'artiste n'en prononce aucune, me laissant sans voix. Serait-il encore fatigué au point de ne pas pouvoir me sermonner avec cette véhémence qui le caractérise tant? Mes yeux se posent dans son regard pour y décerner la moindre colère. Ne la trouvant point, j'abandonne alors ma recherche pour aider mon sauveur à me relever. Ma paume se pose sur une peau chaude et surtout nue. Mon attention se porte alors sur le corps de Monsieur Pugh. Gênée? Non, me voilà surprise. Les cicatrices m'interpellent, certes, mais je ne doute point que la vie à Azkaban et le passé qui doit vous y avoir amené n'a du guère être évident. Je manque d'empathie mais je ne me permettrais pas de faire la moindre remarque sur les marques qui parsèment son torse. J'en ferais une autre qui m'interpelle bien plus.

"Vous êtes étrangement bien sculpté pour un être travaillant dans un cagibi. Ne devriez-vous pas être malingre?".

Un léger sourire apparaît sur mon visage et j'essaie d'oublier que malgré la haine qu'il éprouve pour la petite rouquine maladroite que je suis, ce corps ne me déplaît aucunement. Je fini d'ailleurs par retirer mon attention de celui-ci, pour ne point paraître indécente, où recevoir la moindre remarque agacé d'un homme qui devrait se sentir bien répugné que je puisse me sentir attirée par lui. Je pose donc mon regard sur le sol pour ne point me prendre un bout de tapis et chuter de nouveau. L'aide d'Adam m'est précieuse. J'aurais eu l'air bien idiote à me traîner jusqu'à la salle de bain. Mon parapluie-canne? Dans mon sac. Sac que je ne vois nul part. Sûrement a t'il été rangé dans le placard. Je m'en soucierais plus tard.

"Je vous remercie. Je vais me dépêcher, que vous puissiez vous aussi vous débarbouiller."

Et après un sourire, je referme la porte de la salle de bain. Mon dos se pose contre celle-ci et l'utilise comme appuie le temps que la magie m'aide à me déshabiller et me téléporter dans la baignoire. Mes vêtements se lavent d'eux-même dans le lavabo tandis, qu'assise sur l'acier émaillé, je profite de l'eau chaude. Je me demande ce que peut faire Adam. Lui demander de m'aider? Sûrement l'aurais-je fais avec un homme m'intimidant moins. J'ai conscience qu'il n'y aurait rien vu de sexuel mais ne lui en ai-je pas déjà trop demandé en le forçant à venir m'aider? Et je ne veux point de remarque sur mon corps que je n'apprécie guère. Ses tâches de rousseurs, sa pâleur ou encore une poitrine imposante ayant eu nombre de moqueries à l'adolescence. Non, même s'il me faut m’asseoir sur le tapis de la salle de bain le temps de me sécher, je préfère être seule. J'utilise ma baguette pour me préparer plus rapidement. Pantalon comme chemise sont à présents propres et réparés et je me sens ainsi présentable. Je me téléporte donc jusqu'au lit ou je m’effondrerais bien mais mon orgueil m'oblige à rester droite malgré la fatigue que j'éprouve.

"J'aurais aimé vous retirer le bracelet Monsieur Pugh. Il n'y a pas un jour où je ne regrette mon geste."

Est-ce une forme de remerciement? Bien sûr. Et mes paroles sont sincères toutefois Adam Pugh doit se douter pourquoi je ne peux lui enlever les menottes que je lui ai mise.

Mes sourcils se froncent tandis qu'Adam Pugh se moque encore de ma personne. Oui, je commence à m'agacer de toutes ses insultes. Qu'ai-je donc bien pu faire pour tant de mépris? Lui demander? Je pourrais mais je suppose que je n'aurais point de réelles réponses. Sûrement en reviendrait-il à me parler de ma stupidité, de mon manque de charisme et de tous ces défauts qu'il aime m'imputer. Sa présence de m'intimide plus. Me voilà en colère. L'artiste, par ses agissements, me rappellent cette infâme Eleanore qui prenait elle aussi plaisir à me pousser dans les escaliers et autres mesquineries que seuls les êtres profondément mauvais apprécient. J'en ai déjà oublié l'aide que Monsieur Pugh m'a apporté? Le bracelet l'obligeait à m'aider. Non, je ne suis point lunatique mais il m'est difficile de cerner autrui et l'attitude du restaurateur d'art envers moi est si complexe qu'elle m'en irrite. Je n'ignore point que je suis en partie responsable. Toutefois ne peut-il pas arrêter de rire de ma personne alors que je suis encore épuisée? Oui, sûrement est-ce cette fatigue qui me rend plus lunatique et surtout susceptible que d'habitude. Je pose un regard de défie dans le sublime océan bleu miroitant dans ses miroirs de l'âme.

"Vous me terrifier certes, Monsieur Pugh mais je sais comment vous rendre plus docile."

Et je viens capturer ses lèvres avec les miennes. Oser? J'en ai conscience mais je n'ignore point que je débecte cet homme que je connais si peu. Le baiser ne me déplaît guère et je le laisse durer un certain temps. Concentrer sur mon objectif, je tente de ne guère faire attention aux agréables frissons qui me parcourent et l'excitation qui grandit en mon être. Finalement, je me recule, me levant du lit tout en me tenant à la table de chevet pour ne pas chuter à nouveau.

"Je saurais vous répugner et vous me supplierez de retirer le bracelet. Il ne vous faudra guère longtemps pour être parfaitement dégoûté des affections que je vous porterais. J'envisage de vous faire accepter un serment inviolable évidemment. Je ne suis point aussi stupide que vous pouvez le croire."

Je m'attend à ce que Adam Pugh s'essuie les lèvres de sa manche ou gagne la salle de bain pour se rincer la bouche. Oh oui, j'en serais un brin vexée mais aussi satisfaite du dérangement que j'aurais pu lui causer.

N'aurait-il pas pu être un autre homme qu'Adam Pugh? Oh non, je ne parle point de son passé. Nous avons le droit à l'erreur et les marques sur son corps on du lui laisser bien des cicatrices psychologiques pour, je l'espère, regretter des terribles actions. Le baiser m'avait paru délicieux et je me maudissais de l'avoir autant apprécier. Lui qui me détestait tant...Pourquoi n'étais-je donc point en compagnie d'un potentiel amant, désirable et qui me quitterait aussitôt nos intimes caresses terminées? Le bracelet et notamment le pendentif que l'artiste m'avait confectionné l'obligerait à revenir vers moi. Et je ne doute aucunement qu'alors il se moquerait de mon corps si éloigné de ceux des femmes sublimes qui devaient souvent partager sa couche.

Mes yeux s'agrandissent de surprise lorsque Adam bondit du lit pour m'emprisonner entre le mur et lui. J'observe à nouveau ses traits, dans l'espoir de comprendre son attitude. Je doute qu'il puisse réellement me trouver désirable. Comme dit, Adam peut trouver mieux que la petite rouquine maladroite que je suis. Et pourtant, cette pensée s'envole quand il vient déposer un baiser sur ma mâchoire. Je frissonne de nouveau et je me maudis d'être aussi faible face à un aussi bel Apollon. Depuis combien de temps n'ai-je point eu d'amant? Je ne pense pas que mon attirance envers Monsieur Pugh soit liée à une longue période d’abstinence. Je suis une imbécile, comme toujours. Incapable de désirer des hommes qui me respectent.
J'ignore que faire. Ma main, poser sur son bras, caresse machinalement sa peau douce et je me sens prête à céder à ses avances quand me reviens un détail.

"Le bracelet me rend attirante à vos yeux. Le vendeur disait la vérité. Je pensais que l'on ne pouvait point forcer les sentiments mais il semblerait que je me suis trompée. Je doute que vous désiriez sexuellement tout et n'importe quoi."

Oui, je suis le n'importe quoi mais vous êtes bien lent à la compréhension si vous n'aviez encore compris que j'éprouve plus d'estime pour une limace que pour ma personne. Gênée et des plus mal à l'aise, je fini par me glisser sous le bras d'Adam pour revenir m’asseoir sur le lit.

"Profiter de la situation serait ignoble. Je ressemblerai à ces moldus droguant leurs victimes pour en profiter..." dis-je doucement, les yeux baissés sur mes mains qui tordent le bas de mon t-shirt "Vous devriez rentré. Le village n'est guère intéressant en cette saison, les jeux des Highlands ne débuteront qu'en Mai. Je vous remercie sincèrement de votre aide" et je m'allonge, telle une enfant sur le lit, présentant mon dos à mon sauveur.