Sascha se trouvait bizarre. Il ne s'était toujours pas remit de toutes les aventures qu'ils avaient traversé cet hiver, et était persuadé d'avoir bel et bien touché le fond - enfin pas trop, puisqu'aux vues de ses résultats scolaires, il allait passer ses BUSES haut la main. Ce gala auxquels une vingtaine d'étudiants de BES avaient été conviés, c'était un peu pour lui l'occasion de passer un bon moment avec sa meilleure amie. Histoire de voir du monde, de penser à autre chose. Pour l'occasion, il avait même sorti son costume gentiment offert par sa chère et tendre maman bien trop à cheval sur les codes de la société. Et les soirées mondaines, c'était bien son truc. Dans un soupire, Sascha se regarda une dernière fois. En se voyant ainsi, il avait l'impression de vieillir d'une bonne dizaine d'années, à moins que ce ne soit la barbe noire qu'il avait légèrement laissé pousser et qui détourait un peu plus les contours de son visage. Il avait quelque chose de plus viril qu'à l'accoutumée. Alors qu'il venait de fêter ses dix-neuf ans, voilà qu'il semblait déjà vieux. Un vieux décrépi terne rendu amer par les mauvaises expériences d'une vie. L'idée le fit rire. Un tout petit rire lui aussi amer. Puis il prit une grande inspiration, il devait rejoindre les autres.

Dans un mystère assez mystérieux, il n'avait pas réussi à localiser son amie lors du convoi. Ce ne fut qu'une fois dans la salle du gala qu'il la trouva enfin. Peut-être finalement n'était-elle pas venu avec les autres élèves ? D'un regard doux, il l'admira. Elle était si jolie dans sa robe rouge avec ce petit chapeau qui ombrait ses yeux verts. Arrivé près d'elle, il lui lança un sourire bienveillant, lui prit la main et la fit tourner. Il était si heureux de vivre ce moment avec elle, de partager une nouvelle aventure qu'il espérait cette fois beaucoup plus calme que la dernière. Elle et lui, c'était un peu comme dans ses cours d'histoire de la magie, Harry Potter et Ron Weasley, encore moins séparable que deux doigts d'une main.

- Hey Liv' ! Tu es sublime ! Lui lançait-il, joyeux, oubliant presque l'immense peine qui l’inondait chaque jours un peu plus. On va chercher de quoi manger ? Je meurs de faim. Et de soif. J'espère qu'ils ont prévu de quoi boire. Sans alcool je veux dire. Il y a des professeurs qui sont venus, j'ai pas envie de perdre des points juste pour quelques verres. Bon on y va ?

S'il y avait quelque chose que je refusais, c'était bien cette stupide cravate. Ma très chère patronne m'avait suggéré de venir avec, ne serait-ce que pour titiller les envies de bondages des jeunes femmes riches susceptibles de laisser un gros chèque. Mais clairement, c'était impossible. J'avais déjà une laisse au poignet ce n'était pas pour passer la corde autour du cou. Car c'était cette impression que cela me donnait, d'enserrer ma gorge d'un tissu. Du coup, pour palier à ce léger écart de consigne, j'avais mis le paquet sur mon costume. J'avais opté pour une chemise blanche, éclatante, dont j'avais laissé ouvert les deux premiers boutons. Cette légère entrevue de mon torse laissait d'innombrables possibilités à l'imaginaire des riches héritière. Mon boulot était donc rempli.

J'allais d'ailleurs saluer ma très chère Madame De Ronceveaux. Arrivant derrière elle, je posais délicatement mes mains larges sur ses épaules fines avant de me pencher vers elle pour dévoiler mon identité le moins brutalement possible. Je ne faisais pas forcément de distinction entre sa condition physique et celle de toute autre personne, cependant, j'avais conscience que parfois, je pouvais être un peu trop direct. Cette femme était une des rares à qui je portais un immense respect. Mon visage affichait mes sourires ravageurs que je réservais pour ce genre de situations. Il n'était pas forcément sincère, je n'avais jamais aimé les réunions sociales, mais en tout cas, il n'en laissait rien paraître.

- Me voilà ! J'espère que je n'ai rien raté et que je n'arrive pas trop tard. Je saluais rapidement l'homme avec lequel elle discutait. Intuitivement, je l'assimilait au Monsieur Vernoyer de l'hôpital. Je lui tendais alors la main. Bonjour, Adam Pugh, restaurateur d'art pour notre bien aimée Vega. Vous devez être Monsieur Vernoyer. Me présentais-je alors à lui.

Charles traîné encore dans son bureau, à remplir de la paperasse. Il n'aimait pas, mais alors clairement pas ça ... Surtout, qu'il faisait double emploi, puisqu'il devait remplir les documents demandés par le ministère de la magie ... Et par le ministère non-magique de la santé. Une vraie plaie, mais bon, sa fille était de sortie ce soir, et il préférait encore errer dans son hôpital et remplir ces irascibles documents, plutôt que de traîner seul dans sa maison. Il savait que s'il venait à le faire, il aurait dû mal à dire non à sa bouteille de Glenfidditch ... Or il avait promis à Aurore de ralentir dessus.

Il réalisa alors qu'il venait de rentrer des informations magiques sur un document de déclaration d'imposition pour le ministère non-magique. Il le jeta et prit une grande inspiration, puis appuya sur l'interphone.

- Mandy ... Est-ce que ... est-ce que vous pourriez me rapporter le formulaire d'imposition des non-magique s'il vous plaît ?

l'interphone grésilla et une voix répondit

- Tout à fait monsieur, lequel vous faut-il ? demanda l'interphone

Charle hésita un long moment, jetant un regard hésitant à la poubelle ou traînait le papier froissé, ou plutôt "les papiers" froissés, puisqu'il devait sans doute faire la même erreur pour la dixième fois ce soir. Il se pencha pour tenter de le récupérer, failli tomber, mais mis la main dessus.

- Euh .. C'est le ... Le CERFA 12 .... Euh ... 12, 451, c'est ça !

Dans la seconde qui suivit Mandy entra dans le bureau de son petit pas traînant et déposa le document sur le bureau de son patron. À croire qu'elle en avait déjà imprimé plusieurs exemplaires "au cas où" ... c'est d'ailleurs ce qu'elle avait fait pour gagner du temps.

- Autre chose monsieur ? lui demanda la secrétaire.

Charle la dévisagea ... Elle devait bien avoir, deux fois son âge, mais il aurait été bien incapable de se débrouiller sans elle ici ! Un véritable ange gardien, et l'esprit aussi affûté que si elle avait 20 ans. Elle pianotait sur sa tablette pour rester au fait de l'agenda changeant de Charle, même loin de son bureau.

- Non ! Non Mandy, ça sera tout merci beaucoup ! lui répondit-il avec un grand sourire.

- Bien Monsieur. Au fait monsieur, ne devriez vous pas être déjà partie pour le gala de charité ? lui demanda-t-elle derrière ses lunettes rondes.

Charle cligna des yeux en la regardant. Il fouilla dans son esprit, mais impossible de faire les liens.

- Le ... Le gala ? Quel Gala ? questionna-t-il en clignant encore des yeux.

Il avait toujours se tique lorsqu'il oubliait quelque chose d'important et que son inconscient essayait de le lui hurler.

- Et bien, le gala de charité de votre amie, Mademoiselle de Ronceveaux.

Il y eu un moment de silence, assez gênant, pendant lequel les neurones sur-encombrés de Charle firent tilt. Puis il se leva subitement, en panique.

- Le Gala !!! Cria-t-il.

- Le Gala, monsieur. lui confirma Mandy.

- Le Gala de Vega !!! répliqua-t-il en pleine panique.

- Celui-là même, monsieur. Répondit Mandy dont le calme était inversement proportionnel à l'état émotionnel de son patron.

- Le Gala de Vega que j'ai organisé avec elle ! relança Charle.

- Nous parlons bien du même, monsieur. répliqua Mandy, toujours aussi calme.

- Comment ai-je pu oublier ça ?! se flagella le directeur de l'hôpital.

- On se le demande bien, monsieur. répondit la secrétaire en regardant la charge immense de travail que Charle n'avait PAS à faire, mais qu'il s’entêtait à faire malgré tout.

- Nom de ... Et je n'ai absolument rien à me mettre ! lança une nouvelle fois Charle pris de panique.

- J'ai pris la liberté de vous faire amener des vêtements pour le Gala monsieur. Par ailleurs votre fille à laissé votre voiture en bas du Parking avant de partir pour sa propre soirée, pour je cite "permettre à mon benêt de papounet de pouvoir arriver à l'heure au gala de Vega, surtout qu'il risque, "encore"" et j'insiste bien sur le encore, à sa demande ""Encore" d'oublier !". répondit la vieille dame en soupirant et en se dirigeant vers son bureau.

- Vous êtes une sainte Mandy ! Et ma fille aussi ... ! Vous me ferez penser à la remercier si je ne la revois pas d'ici demain ! lui lança Charle.

- C'est déjà fait monsieur, vous avez un mémo sur votre agenda ! lui répondit sa secrétaire sans se retourner.

Sans plus s'attarder, Charle se précipita dans les vestiaires où l'attendait son costume. Il se changea et parti en direction de la voiture. Sur le volant l'attendait un petit mot "pour ma tête de linotte adoré, ta fille qui t'aime". Il rangea soigneusement le petit carton dans sa poche, et le discours écrit à l'intérieur, et mis le cap sur le musée.

Arrivé sur place, il prit une longue inspiration, et serra quelques mains à des gens qui visiblement, le connaissait, sans qu'il soit le moins du monde capable de mettre un nom sur les visages. Il s'approcha du buffet, et avant même de pouvoir toucher à quoi que ce soit, il fut surpris par une voix familière.

- Charles! J'ai craint que tu ne m'abandonnes. Je suis incapable de mettre des émotions dans un discours et faire larmoyer tous ces riches gens."

- Moi ? T'abandonner ? Jamais voyons ! J'étais juste ... Un peu débordé à l'hôpital.

Il se détourna trente secondes vers le plateau des petits fours et se rendit compte que quelqu'un avait pris le dernier pendant qu'il répondait à son amie. Tant pis.

- Tu n'auras pas à les faire larmoyer, essaies plutôt de les faire un peu rigoler, ils accrocheront plus facilement, si tu les fais suffisamment rire, ils auront l'impression d'être sous cocaïne ... Enfin ... Une herbe que les non-magique affectionne particulièrement. Visiblement ça les rends accro. poursuivit-il avec un léger rire.

Il prit une fraction de seconde pour tenter de trouver un petit quelque chose à se mettre sous la dent, mais rien n'était en vue.

- Bon, comment vas-tu sinon ? Cela fait un moment que je ne t'ai pas revu dans les couloirs de La Rochefoucauld ! lui demanda-t-il.

Il n'eut cependant pas le temps d'entendre la réponse, du moins pas de suite, un nouveau venu se joignit à eux.

- Me voilà ! J'espère que je n'ai rien raté et que je n'arrive pas trop tard. Bonjour, Adam Pugh, restaurateur d'art pour notre bien aimée Vega. Vous devez être Monsieur Vernoyer.

Charle lui serra la mains avec un grand sourire.

- Celui là même oui ! Oh, restaurateur d'art, il me semble que Vega, m'as déjà ... parlé de vous et de votre travail. Mais je dois confesser que mes charges ... ou plutôt ma "surcharge" de directeur d'hôpital me rendent quelque peu ... ailleurs parfois. En quoi consiste votre travail ?

Ses lèvres s'étirèrent en un chaleureux sourire destiné à l'ouvreuse lorsque celle-ci lui demanda son invitation. Sa proie, non loin, devait s'attarder sur son visage si jamais ses yeux venaient à se poser sur elle. Et personne n'appréciait les expressions fermées. Karma n'avait pas encore approché sa future victime. Elle n'était à Paris que depuis une semaine. Elle savait parfaitement comment être aux côtés cet homme aux allures niaises,son plan était déjà en marche. Ce soir lui permettrait seulement de l'observer d'un peu plus près. Notre jeune femme espérait d'ailleurs pourvoir commencer à utiliser de ses charmes.

Pour l'instant, Charles Vernoyer était des plus entourés. À le voir ainsi, jamais Karma n'aurait songé à ce qu'il puisse être un espion voire un assassin. Il avait été vu sur la scène d'un crime mêlant la triade de notre chinoise et il était en possession de l'artefact qui avait créer autant d'émulation. Surprenant mais ce ne serait pas la première fois où un benêt s'avérait être un véritable génie du crime.

La sorcière se rapprocha du buffet afin de trouver une excuse pour être près du groupe et trouver une parfaite position pour pouvoir les entendre sans éveiller les soupçons. La nourriture était délicieuse même si l'asiatique préférait celle de son pays. Les Français étaient bien trop peureux culinairement parlant. En dehors de leurs propres coutumes, ils étaient incapables de goûter et apprécier des plats sucrés-salés. Le jambon-beurre était la preuve de leur manque de raffinement!

Nil mortalibus ardui est

Magnus Pygmalion. Homme d'une trentaine d'année, aurore et bel homme de surcroît. De haute stature, son port de tête noble ainsi que son sourire ravageur font de lui un des sorciers les plus désirées des demoiselles. Nous sommes encore peu nombreux et je me doute que lorsque bien des jeunes femmes seront arrivées, le mage sera alors des plus occupés. Et, profitant de l'approche d'une de ses prétendantes, je m'éclipserai pour rejoindre un endroit paisible ou l'on m'oubliera. Je pourrai me prêter à son jeu de séduction? Certes, mais cet homme aux allures si parfaite ne me donne point l'impression de me désirer seulement le temps d'une nuit. Je doute que mes rares qualités l'attirent. À l'image de nombre de mes courtisans, seule l'immense fortune des Johnstone doit lui plaire. Lui laisser une chance? Effectivement, Magnus pourrait apprendre que je ne suis aucunement qu'un important héritage mais il ne me met guère à l'aise. Son auréole m'effraie. Une véritable peureuse, voilà ce que je suis. Et cette pensée me fait honte.

L'arrivée de mon oncle ainsi que de la directrice de musée pourrais être un parfait échappatoire. Mais l'aurore me propose de partir les saluer ensemble, élevant son bras pour que je puisse y glisser le mien. J'aurais refuser si mon regard ne s'était point posé sur un des invités de ce gala, discutant avec Charles Vernoyer. Adam Pugh...Mon palpitant et stupidement, je glisse ma main sur l'avant-bras de Magnus Pygmalion pour le laisser m'amener jusqu'au groupe. Je suis une profonde imbécile. Oui, je désire rendre jaloux celui à qui j'ai passé les menottes il y'a si peu de temps. Pourtant je n'ignore point qu'il n'éprouverait que du mépris pour mon attitude de jeune héritière se laissant charmer par le symbole de la justice qu'est Magnus si je n'avais point fait usage de cet artefact.

"Je vous souhaite bien le bonsoir. Madame de Roncevaux, je ne peux que vous féliciter pour la beauté de cette salle de réception. Monsieur Vernoyer, je disais justement à votre nièce qu'elle était des plus sublimes." lance l'aurore. Mais je ne fais guère attention à ses paroles que j'aurais sans nul trouver bien trop emplie d'hypocrisie. Je viens déposer un rapide baiser sur la joue de mon oncle avant d'observer Adam Pugh. Il est des plus séduisant, comme toujours...Mon regard s'attarde sur sa chemise, sans cravate avant de remonter jusqu'à ses yeux dont j'admire toujours l'intensité. Une légère bousculade d'une serveuse me ramène à la réalité et je me décide enfin à parler, me tournant vers mon oncle.

"Ma cousine n'est donc point ici? Cela fait si longtemps que je ne l'ai vu."

Oui, je n'ose parler à Adam Pugh, craignant la moindre remarque acerbe.

Codage par Emi Burton

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- Je suis la bonne fée de ce musée ! Lançais-je, amusé, pour répondre à la question de Charles quant à mon métier. Pour répondre un peu plus sérieusement, je redonne vie à bien des œuvres et artefacts. Je nettoie, je reconstruit, je prends soin de l'âme de chaque chose qui passe entre mes mains. Repris-je alors avec une passion évidente pour mon travail. C'est un travail relativement agréable, à condition de ne pas toucher à de vieilles malédictions.

J'aurais pu parler encore longtemps de tout ce que je faisais au sein de ce musée. Fasciné par les arts autant que par l'histoire, c'était vraiment une opportunité incroyable que m'avait offert Vega, et j'allais d'ailleurs en venir à vanter encore et encore la bienveillance de ma patronne et amie lorsque finalement mon attention fut attirée par un aimant. Je savais qu'elle me regardais, je sentais ce frisson reconnaissable entre mille qui descendait le long de ma colonne vertébrale. Cependant, je ne m'étais pas du tout attendu à la voir dans une telle tenue. Elle était sublime, bien plus encore. C'était indescriptible. De ses cheveux tombant en une cascade flamboyante à cette poitrine opulente mise en valeur par ce décolleté incroyable, en passant par ce tissu qui tombait sur ses hanches en un drapé à faire pâlir les statues de Grèce Antique... J'en avais le souffle coupé.

Mais quelque chose coinça mon regard. Un détail qui me fit plisser les yeux et froncer les sourcils. Quelle était donc cette main sur ce bras ? Et, dans tous les cas, à qui appartenait ce foutu bras qui n'avait rien à faire contre elle ? Bracelet ignoble qui me faisait ressentir une intense jalousie. J'aurais pu déchiqueter le bras de cet homme tant cela me brûlait la poitrine. Je tentais alors de garder un sourire hypocrite le plus naturel du monde alors que le gars en question prit la parole avec un ton si peu naturel. Je le jaugeais du regard avant de détourner de nouveau mon attention vers la jolie rousse qu'il tenait comme un trophée à la mention d'un détail assez important : la nièce de ce bon Monsieur Vernoyer. Son regard à elle se perdait sur ma chemise et mon air grognon se transforma instantanément en une expression satisfaite alors qu'elle planta son regard dans le mien jusqu'à être bousculée par une serveuse.

La soirée s'annonçait définitivement bien plus amusante que prévu.

- Oh ! Vous avez une fille Monsieur Vernoyer ? Dis-je alors d'un ton très nettement intéressé tout en défiant Daria du regard. Daria chérie, tu ne m'avais pas dis que je rencontrerais ta famille ce soir ! A vrai dire, tu ne m'avais pas dis tout court que tu viendrais, encore moins en si bonne compagnie. Un sourire éclatant illumina son visage qui prenait alors cette rare expression enfantine.