Quelle idée! Mais quelle idée! Pourquoi ne pouvais-je pas être patiente et attendre sagement devant l'atelier de restauration? Ma curiosité? Probable que vous avez raison mais en l'instant actuel, j'aimerais à penser que ma stupidité me pousse à agir plus que mon envie de découvrir. D'ailleurs est-ce entièrement ma faute? La porte aurait due être fermée. Elle l'était...Effectivement. Je ne cherche qu'à me justifier et oublier ce sort d'ouverture des serrures qui m'a échappé alors que je m'ennuyais à attendre! Lire? J'aurais du plutôt que de venir explorer une pièce dans laquelle je n'étais pas encore invitée. Et ainsi, seuls les personnages de mon roman auraient commis des actes aussi stupides que celui que je viens de faire. Bousculer une statue et en renverser mon thé sur le sol! Ce que je peux être maladroite...D'un autre côté...Pourquoi faire une oeuvre au pied si fin? L'auteur ne devait point espérer qu'elle survive longtemps. Elle n'avait pas l'air des plus esthétiques. Admettez que jamais vous ne l'auriez exposé dans votre salon! Aurai-je donc rendu service?

Non! Ce n'est guère le moment de faire de la dissonance cognitive. Je ne suis point sûre que l'artisan travaillant en ce lieu appréciera ma vision. Il n'est que peu agréable. Sûrement n'aime t'il pas les rousses. Craindrait-il que je sois dénuée d'âme? D'un certain côté, il ne doit pas en avoir plus que moi. Sinon je l'apprécierais malgré un mauvais caractère. Enfin...Il va de soi qu'il est temps de réparer mon erreur. Ma main plonge dans ma poche pour en ressortir mon mouchoir. Ma baguette? Mieux vaut éviter une autre catastrophe. Dans ma panique, je serais capable de confondre sort pour nettoyer le sol avec un autre de destruction. Pardon? Ce que vous êtes irritant! Je ne suis pas une horrible sorcière! Je sais juste que mon esprit à tendance à s'emmêler lorsque je suis agitée. Vous devriez apprendre de mon humilité. Même si j'admets qu'il serait plus agréable de se souvenir de l'enchantement qui ferait disparaître ma tasse cassée et son contenue du parquet plutôt que de devoir me pencher pour éponger avec ce que je peux bien trouver sous la main. Les débris sont à présents repoussés dans un coin. Mouchoir, bout de tapis...Le rideau arriverait-il jusqu'ici? Je n'ai point envie d'utiliser le bas de ma robe. Quoi que. La zone des genoux est déjà recouverte de poussière. Tant pis! Je la nettoierais dès que je serais sortie de cette salle de torture.

Un autre tissu aurait mieux essuyé ce sol recouvert de thé, c'est une évidence. Toutefois je doute que les robes en serviette éponge soit des plus répandues. Pourtant, ne seraient-elles pas des plus pratiques? Les maladroit(e)s doivent composer une communauté non négligeable. D'accord, je vous le concède, mon esprit s'enflamme tandis que je tente de réparer une erreur que je ne me pardonne point. Je respecte l'art, j'adore celui-ci même si j'ai plus de connaissances en littérature qu'en statue. Avec un peu de chance, ce que je ne crois guère, ce n'était qu'une réplique, une vulgaire imitation destiné à être exposé au grand public et dont il vaut mieux garder l'original en sécurité. Pourquoi dans un atelier de restauration? Peut-être que son propriétaire est aussi imitateur? Il ne m'a jamais semblé honnête et je ne serais point surprise qu'il puisse vendre des fausses œuvres.

Le thé forme à présent une tâche brune sur mon satin vert. La formule pour faire disparaître toute cette saleté fini par me revenir et j'ai tout juste le temps de l'appliquer qu'une voix d'homme retentit. Ciel! Je n'étais point seule! Si je comptais mentir? Je ne suis guère douée en fariboles et je doute fortement que Monsieur Pugh puisse croire qu'un courant d'air ai été le coupable. Il n'exerce peut-être point une activité professionnelle intellectuelle mais de là à être aussi stupide...Puis, quand bien même je serais innocente, le peu d'estime qu'il me porte lui ferait aimer croire que je suis impliquée dans le drame.

Je sens le mépris dans ses paroles. Certes, je ne suis pas une sorcière des plus empathiques, mais je suis capable de repérer une attitude aussi hostile que celle de l'artiste envers ma personne. Il faut dire qu'il n'a jamais tenté de dissimuler l'agacement que je lui procure. D'où ma facilité à comprendre sa colère. D'autant que je ressens autant de mépris à son égard. Encore un être se nourrissant de clichés et de mesquineries...Il est fort dommage qu'il soit le seul expert en art que je connaisse.

"Ce n'est qu'un bien matériel. Je suis irremplaçable."

Mon ton n'est pas aussi amicale qu'il devrait l'être quand on désire obtenir une aide. Mais Monsieur Pugh ne vient-il pas de m'insulter? Comme tant d'autres certes mais nous avons tous le droit à l'erreur d'autant que je le soupçonne de connaître des sortilèges restaurant des tableaux presque entièrement brûlés. Ou alors il n'est point aussi doué que je le pensais.

"Je viens solliciter votre aide. Des clients m'affirment être hanté par un esprit, dont j'ignore encore la réelle nature. Celui-ci apprécierait l'art..."je sors rapidement de ma poche mon carnet de note pour l'ouvrir aux dernières pages "surréaliste. Il s'installerait dans des tableaux et les modifierait à sa guise. Il serait impossible de le raisonner puisqu'il ne désire s'adresser qu'à un connaisseur, de son niveau. Le travail vous sera payé, cela va de soi. Je ne manque point de fortune, votre prix sera le mien."

Je vaux bien plus que sa statue, il se doit le comprendre. Je pourrais en acheter une dizaine si je le désirais. Enfin...si elle ne coûte point des centaines de millions...

La crise du logement? Pour un fantôme? Certes, avec la montée de certains mouvements spirituels moldus , de plus en plus de maison se voient protégées des esprits mais je doute sincèrement que protéger sa demeure avec un peu de sel rose d'Himalaya ou de sauge puissent empêcher les fantômes les plus puissants de venir s'installer dans votre grenier. Adam Pugh ne comprend donc rien...Oh non, je n'en suis point surprise. Je le suppose trop condescendant pour tenter de connaître autre chose que sa personne ou les domaines qu'il l'intéresse. Comme un adolescent? La comparaison me plaît, il n'agit guère tel un adulte. Le dégoût qu'il éprouve à mon égard ne le laisse aucunement réfléchir. En est-il capable? Oui, mes pensées deviennent acerbes devant attitude aussi hostile. Je ne me suis pas excusée? Pas avec pareil être. Après tout, je ne l'ai pas entendu demander si je m'étais fait mal!

Je ne m'écarte point lorsque l'homme vient se poser près de moi. Non, je ne me laisserai pas m'intimider si c'est ce qu'il désire. Oh j'ai assez mauvais caractère pour affronter le regard incendiaire d'un troll des montagnes. De plus, mon corps serait capable d'heurter une autre oeuvre d'art. Si je m'offusque de ses paroles? Non, il n'a pas entièrement tord puisque je cherche des créatures de légendes.

"Je désire savoir si ce n'est qu'un simple fantôme ou une nouvelle forme d'esprit. Vous n'avez donc aucune curiosité? Ou alors seriez-vous dépourvu de courage?"

De la psychologie inversée? Ah non, j'en suis bien incapable. Je n'arrive simplement pas à contrôler mon agacement face à telle personne. D'autant que je sais parfaitement qu'il me refusera toute aide et il en aurait été ainsi même si j'avais simplement renversé son pot de géranium.

Des années que j'ai cessé de me soucier de ce que l'on pouvait penser de ma personne. Je ne suis plus la petite rousse qui revêtait un masque de colère pour dissimuler sa peine. Ce n'est donc pas ce que peux penser Adam Pugh qui me fait froncer les sourcils mais sa mesquinerie. Il se moque bien de ce que je peux lui dire, il ne cherche même pas à savoir si l'affaire dont je lui parle pourrait l'intéresser. Il a bêtement décidé qu'il ne pourrait jamais me supporter, et ce dès notre première rencontre. M'accorder une chance? Cet homme est bien trop mauvais et orgueilleux pour tenter de modifier son comportement ne serait-ce que le temps d'un après-midi. L'artisan mériterait d'être corrigé, qu'une mauvaise aventure lui arrive afin de lui apprendre à être amabilité.

Oui! Je dois le punir! Mes doigts se glissent dans ma poche pour se poser sur un bracelet antique dont j'avais jusqu'alors oublié la présence. Tête de linotte que je suis! Je ne pensais pas devoir l'utiliser mais Monsieur Pugh ne me laisse pas le choix. Ce que je compte lui faire? À vrai dire, je n'en suis moi même pas sûre. Sachant pertinemment qu'il ne voudrait m'aider, je m'étais rendue dans une vieille boutique d'artefact pour demander à son propriétaire un objet qui m'aiderait dans ma demande. Il m'avait alors vendu ce vieux bijou. Celui a qui je le passerai se devrait de me protéger et ce contre sa volonté. Par amour pour ma personne...Dernier point que je trouve des plus grotesques. On ne force pas les sentiments.

"Veuillez m'excuser."

Je profite de la main qu'il me tend pour lui passer le bracelet au poignet avec une rapidité et agilité que je ne me connaissais point. Oui, je ne peux que demander pardon, c'est la moindre des choses. Hypocrite? Certes, je trouve ce jeu amusant mais je crains de commettre un impair. Et si je le faisais souffrir? Mes yeux se pose sur son visage afin de comprendre ce qu'Adam peut ressentir.

Mes lèvres se déposent rapidement sur les siennes pour activer les pouvoirs du bracelet. Drôle de procédé si vous voulez mon avis. Ne pouvais-je pas asservir son être simplement en lui passant le bijou ou en prononçant un sortilège? L'espace d'une seconde, j'en viens à penser que le vendeur s'est moqué de moi. Mais mon agacement n'a pas le temps de s'accroître. Adam Pugh vient de perdre toute sa prestance. Se moque t'il de moi? Je sens la culpabilité venir me ronger tandis que je le vois se plier de douleur. Dois-je appeler de l'aide? Peut-être ai-je mal actionné le bracelet? Je n'ai point envie de commettre un meurtre. Même d'un homme qui n'a jamais eu la moindre estime à mon égard. Je vais poser ma main sur son épaule dans un geste amicale quand l'artiste relève le visage pour me jeter un regard des plus meurtriers. Je recule légèrement. J'aurais préféré être face à un troll des montagnes...Jamais je ne me serais sentie aussi inutile. Je ne sais que faire. Oui, je ne suis qu'une stupide rousse tétaniser, incapable de prendre une décision correcte. Cette situation m'est plutôt inédite. Je n'ai jamais torturé autrui...

Mon esprit décide enfin de retirer le bracelet, source de ses souffrances, quand Monsieur Pugh reprend enfin la parole. S'il parle, c'est qu'il va mieux, n'est-ce pas? D'ailleurs, le bracelet l'empêchera t'il de se venger? Un détail que j'aurais mieux fait de quérir avant d'acheter pareille artefact. Ma main se resserre sur ma baguette. Je ne suis pas une puissante sorcière, et jamais je ne le serais, mais je peux peut-être menacer l'homme de détruire son atelier s'il tente de s'en prendre à moi? Puis-je d'ailleurs transplaner? Appréciant la marche, je ne me suis jamais demandée s'il était interdit d'utiliser pareil transport au sein des institutions publiques.

"Ce ne sont que de simples menottes! Je ne doute point qu'elles aient blessés votre orgueil mais vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous mêmes! Si vous aviez été plus aimable, jamais je n'aurais du recourir à pareil objet!"

Une fierté meurtrie peut-elle plier un être de douleur? Si j'essaie de me trouver des excuses pour avoir fait souffrir autrui? Bien sûr! Toutefois, je ne serais point surprise que mon interlocuteur se soit moquée de moi. Il semble connaître l'objet après tout...

Ma culpabilité ne cesse de s'accroître. Jouer des mauvaises farces à autrui n'a jamais fait parti de mes loisirs. Et sans doute suis-je bien stupide pour déjà regretter mon geste. Pourquoi ne puis-je pas m'en satisfaire et m'en amuser? Oui, je n'avais guère réfléchi lors de l'acquisition de l'artefact. Je ne pensais pas l'utiliser. Mais mon orgueil, blessé par l'attitude odieuse d'Adam Pugh a été plus fort que ma raison. Je me dois donc de corriger mon erreur...Je m'excuserai à nouveau même si je me doute que cela ne suffira guère. Mes pieds avancent donc, avec une certaine lenteur trahissant mes craintes, vers l'artiste. Mais je me stoppe net. Monsieur Pugh pointe à présent sa baguette dans ma direction. J'ignore si le bijou peut me protéger de toutes agressions. Autant le lui laisser et voir si asservir un être me protège de lui.

"La prochaine fois que j'achèterais pareil objet, je demanderais d'avoir la notice!"je ne suis pas douée pour l'ironie ou encore l'humour, en général. Je ne cherche qu'à répondre à ses dires qui m'accuse, encore une fois, de stupidité. "Je n'ai fait que suivre les indications de l'antiquaire. Je vous enlèverai le bracelet quand vous m'aurez enfin aidé! Juste ciel! Je ne vous demande point grand chose!"

Et je pourrais continuer mon monologue encore longtemps si sa baguette ne venait de se poser sur mon corps. Son regard, furieux, ne me présage rien de bon. Peur de mourir? Oh non, j'ai vingt huit ans, j'ai déjà assez vécue et je n'aurais aucun regret mais je doute qu'Adam Pugh se contentera d'une vengeance aussi douce. Serais-je capable de subir une torture? Je souffre souvent de mon genou sans m'en plaindre mais une douleur généralisée ne me ferait-elle pas hurler? Je suis d'ailleurs en train de remarquer que ce fameux genou défaillant commence à me faire mal, comme souvent lors d'émotions fortes, quand un énorme fracas retentit. Je sursaute. Ce sort m'était-il destiné? Sûrement...D'ailleurs je recule quand Adam s'avance vers moi. Me voilà coller au mur et je me demande si je ne devrais pas me transformer en renard pour filer...Non! J'ai commis une erreur et je ne suis pas une fuyarde. Mes yeux verts se posent dans ses iris bleutées.

"Êtes vous toujours aussi théâtrale?"

Pas sûr que ses paroles le calmeront mais j'aimerais bien qu'il se calme et m'explique simplement pourquoi tant de colère. Ce n'est qu'un bracelet !

Pourquoi suis-je donc tant incapable de comprendre autrui? J'ai pourtant fait bien des efforts pour acquérir ne serait-ce qu'une once d'empathie! Mes yeux ont parcouru nombre de livres et mes oreilles entendues une multitude de conseil. Mais je n'arrive toujours guère à distinguer les états d'âmes de mes interlocuteurs. Adam Pugh me hait, son attitude violente me le confirme. Il y'a toutefois dans son regard une étincelle que je ne comprend point. Est-ce là une flamme alimentée par un brasier de rage? Sans aucun doute...Je n'apprécierais guère de me faire menotter par un être pour qui je n'éprouve que dégoût et mépris. S'il en existe? Je ne crois pas. Même cette exécrable Eleanor dont les années ne l'ont aucunement assagie ne mériterait pas toute cette inimitié que me porte l'artiste. Niaise? Je le sais, mais n'est-ce pas fatigant de mépriser autrui? Ne dit-on pas d'ailleurs être consumé de rage?

"Un blasphème? Vous n'avez rien de sacré! Ne vous en déplaise! Quand à une quelconque malédiction, je suis rousse! On ne peut imaginer pire damnation!"

Si je me moque de lui? Loin de là. Aucun de mes parents ne possèdent cette chevelure de feu et j'ai souvent pensé qu'une mauvaise fée s'était penchée sur mon berceau. Avec son mauvais caractère, mon père aurait bien pu vexer la plus rancunière des lutines. Je me perd encore dans mes songes quand je remarque deux bras musclés encadrer mon visage. Je pose un regard paniqué dans celui d'Adam. Je ne peux plus reculer, le mur m'en empêchant. Que compte t'il faire? M'étrangler? Ma baguette fini par sortir de cette mauvaise cachette qu'est ma poche. Je ne suis peut-être point une grande sorcière, il est évident que je ne sais pas me battre mais il est hors de question de le laisser ôter toute vie de mon corps sans me défendre. Oui, malgré mon effroi, mon orgueil refait surface. Mon menton se soulève et mon dos se fait droit. Je me redresse. Le coup de poing, proche de mon visage me fait encore une fois sursauter mais je tente de reprendre de la prestance. Daria  Johnstone n'est ni une peureuse, ni une pleurnicharde!

"Vous moquez vous encore de moi? Personne ne peut aimer autrui sous la contrainte. Ce ne sont que des sornettes destinées aux jeunes filles en fleurs!"

Je n'ai jamais cru au filtre d'amour! Et cela fait bien des années que j'ai appris que les hommes aimaient ma fortune et non mes tâches de rousseurs! Toutefois, la larme qui coule sur la joue d'Adam me sème le doute dans mon esprit. Mon pouce vient délicatement l'essuyer. Oh non! Je ne tente pas de l'amadouer! Ce n'est qu'un simple réflexe! Je suis même persuadée que Monsieur Pugh se lavera la pommette avec du détergent.

"Me protéger? De quoi? Des "on dit" ou de cet invisible que je chasse?"

Sa cruauté est sans aucun doute le seul danger qui me guette. Pourtant, je ne refuserais pas l'amulette. Je suis curieuse de voir comment cette dernière peut bien fonctionner.

A t'il enfin retrouvé la raison? Si je ne me trompe point, je crois qu'Adam est enfin calmé. Toutefois, son rire m'effraie plus qu'il n'aurait dû. Serait-il heureux d'avoir trouvé comment se venger? Peut-être est-il capable d'enlever le bracelet? Adam Pugh doit s'y connaitre en artefact, je n'en doute aucunement. Il doit donc avoir dans ses savoirs quelques formules pour contrer les effets du bijou. Ce qui serait fort dommage car l'artiste reviendra sur sa décision et ne m'accompagnera point voir ce drôle d'esprit. Une supposition qui s'effrite lorsque son front vient se poser sur mon épaule. J'aurais pu apprécié son parfum et la douceur de ses cheveux s'il ne m'avait pas autant méprisé. Si je comprend son geste? Non, bien sûr que non mais je ne tente plus de donner de sens à ses agissements. Je suis bien trop bête pour comprendre l'énigme que représente cet homme.

"On ne peut rien faire pour ma maladresse."

Ce n'est guère un point de discussion intéressant. Mais je ne sais quoi dire tandis que je le regarde s'éloigner tout en m'ordonnant de le suivre. Idiote, empotée...des mots qui ne vont guère avec ce qui me semble être des bribes de compliments. Vexée? J'aurais pu, si la situation ne me dépassait pas autant. Sans réfléchir, je m'exécute donc et vient m’asseoir sur le bureau. Après avoir évidemment vérifiée que je ne renverserai rien.


"Savez-vous que les moldus sont, depuis peu, fascinés par les pierres? La litothérapie! Un caillou reste un caillou mais l'être humain aime s'abreuver de sornettes" dis-je sur un ton anodin, comme si nous allions discuter de tout et de rien comme de bon vieux amis. Je me ferais presque apparaître une tasse de thé si je ne craignais de renverser à nouveau son contenu sur une oeuvre importante valant bien plus que ma misérable petite personne.

Les Hommes se battent pour un caillou car ils lui ont attribués une valeur variant d'une culture à une autre. Bien des Européens riaient des tribus africaines où le verre attirait plus qu'un diamant...Et, de la même façon, la signification des pierres divergent d'une terre à une autre. Oui, j'ai bien des réponses à chacune de ses remarques ne cherchant qu'à me montrer, encore une fois, que je ne suis qu'un être animé par l'idiotie. Je pourrais me défendre, laisser mon orgueil parler comme je l'ai déjà tant fait avec Monsieur Pugh. Mais je me tais. Je suis rarement silencieuse, j'aime discuter. Un silence du à mon échec? Non, vous vous trompez. Je me doutais fortement que je n'arriverai point à adoucir le tempérament de cet homme. Jamais nous n'avons eu de discussions calmes et intéressantes, jamais nous n'en aurons. Je le répugne. Ce mépris qui enflamme ses yeux couleur océan me font perdre mes mots...Le visage d’Eleonore Campbell m'apparaît. Elle aussi me fixait ainsi quand nous étions enfants ou, me regarde avec autant d'haine quand nous nous croisons parfois. Un dégoût que je ne comprend aucunement. Qu'ai-je bien pu faire à ces êtres pour mériter autant de mépris si ce n'est, peut-être, de réfléchir différemment?

Un pic de douleur au genou me fait grimacer une petite seconde avant que je ne me reprenne. Cette souffrance n'est que psychologique et ranimée par le souvenir de cette demoiselle à qui je dois cette vieille blessure. Je dois arrêter de me sentir meurtri par ces êtres négatifs. J'aimerais que Camille de Sèze soit présent. Ou Lizzie. J'aurais voulu ne point être seule avec Adam Pugh et qu'un ami m'empêche d'utiliser ce bracelet. Mais ils ne sont point ici et, comme tout adulte, je dois faire face à mes responsabilités sans m'en remettre à autrui. Sans dire mots, je m'éloigne donc du bureau pour m'installer sur un tabouret. Et j'observe le restaurateur créer un bijou que je n'ai guère envie de porter. Une larme au couleur de ses yeux...Je n'ai jamais compris les moindre sous-entendus, du moins la plupart, mais m'indique t'il ainsi qu'il souffre de devoir me protéger? Gênée, je sors finalement mon carnet de croquis de mon sac et laisse mon crayon dessiner certaines œuvres ici présentes.

La voix du sorcier finie par me ramener à la réalité et je range mes affaires avant de m'approcher de nouveau de lui. Mon pied semble faire des siennes. Sûrement a t'il décrit un angle étrange du à la douleur au genou. Je trébuche, me rattrapant au bureau pour ne pas chuter. Oh, je sais qu'il se moquera de moi mais j'ai l'habitude que l'on puisse rire de ma maladresse. Je me félicite d'avoir été assez vive pour limiter les dégâts ou ne pas tomber sur lui. Je me redresse, faisant face à cet homme et à son regard haineux.

" Vous vous trompez. Je me demandais si je ne préférais pas vous retirer ce bracelet et me soumettre à votre cruauté plutôt que de devoir subir votre protection."

Ce ne sont point des paroles emplies de colère. Ma main vient d'ailleurs de se poser sur les menottes que je lui ai passé. Me voilà songeuse, réfléchissant à quelle solution me paraît la meilleure. Je fini par me retourner, dégageant mes cheveux de mon cou pour lui présenter ma nuque. Je déteste les attaches de colliers. Ils n'ont aucune ergonomie.

"Passez moi le pendentif. S'il s'avère être dangereux, vous ne pourrez que vous félicitez qu'il me porte préjudice."

Fillette, il m'était insupportable que l'on puisse me toucher. En dehors des tendresses parentales, cela va de soi. Mais la main d'une domestique sur mon bras pouvait entraîner des excès de colère ou de paniques difficilement contrôlables. Attitude excentrique perdue avec le temps...Pourtant, je ne peux m'empêcher de m'écarter vivement d'Adam et de lui lancer un regard agacé quand son doigt vient caresser ma nuque et qu'encore, ses paroles ne tendent qu'à se moquer de moi. Non! Ce n'est pas la première fois qu'un homme me touche! Toutefois, jamais mes amants ne prennent plaisir à m'humilier autant que ce cher Adam Pugh. Jolie petite carotte...Il semble déjà avoir oublié que le légume vient de le carotter et pourrait de laisser son poignet orné de cet antique bijou. Je ne m'amuse pas assez des sentiments que le sorcier devrait éprouver pour moi? Certes, je pourrais me venger en me montrant plus séductrice afin de jouer sur cette supposée attirance et le dégoût qu'il éprouve à mon égard mais, si je suis bien incapable d'être charmeuse, je ne crois toujours point à ce fameux effet. Les sentiments ne sont aucunement aussi simple qu'un sortilège.

Je me recule, comme demandée. Non point que j'ai envie de me soumettre à son autorité. Je ne suis juste pas aussi stupide qu'il aime le croire e je ne me mettrais pas en danger lors de la simple création d'un pendentif. Quand bien même celui-ci me paraît des plus inutiles. Mes histoires ne l'intéressent guère et l'artiste aura tôt fait de partir à peine arrivé à mes côtés.

"Vous perdez votre temps. Jamais je ne désirerai vous avoir à mes côtés. Vous êtes bel homme, certes, mais votre malveillance fait de vous un être repoussant."

Méprisante? Réaliste. Si, je l'admet, je me montre un brin piquante mais je ne suis point une jolie carotte. D'autant que je sais que mes paroles ne l'ont en aucun cas blessées. Après tout, Monsieur Pugh semble n'accorder aucune valeurs à mes propos. Mais il me fait grand bien d'être franche et de lui exprimer l'agacement que j’éprouve envers lui. S'il m'a entendu? Peut-être...sûrement...Oui, j'ai déjà oublié mes propres dires, admirant le travail qui se fait sous mes yeux. J'aurais aimé être aussi puissante. Oh, je suis excellente en confection de potion mais personne ne s'intéresse à vos créations puisque discrètes. Alors qu'un sort est si majestueux...Excitation et curiosité sont venues m'envahir, faisant briller mon regard et étirer mes lèvres en un immense sourire. J'en oublie alors que je suis en présence d'un homme désagréable. Comme demandé, je lui présente ma nuque afin qu'il puisse me passer la chaîne.

"Merci" lui dis-je sans réellement réfléchir. Jamais on ne me reprochera d'être impolie! "Devrions-nous tester votre oeuvre?"

Pourquoi me protéger des maléfices? Pugh pense t'il que le monde entier me hait? Oui, je le pense incapable de croire que l'on puisse m'apprécier. Enfin! Je ne le laisse point me répondre, excitée par l'idée de tester sa création et oubliant que je ne voulais jamais y avoir recourt. Il serait fort dommage qu'un autre Adam apparaisse.

"Je vais me mettre dans une autre pièce et tenter de vous appeler."

Et je transplane aussitôt dans les archives administratives du musée. Lieu poussiéreux ou personne ne vient souvent. Nous ne serons point dérangés ici. Afin de ne point renverser une des étagères, je m'adosse directement au mur. Je ne veux plus commettre de catastrophe en présence de ce sorcier. Mes doigts se referment d'ailleurs sur le pendentif qui orne à présent ma poitrine.

"Adam Pugh. Venez s'il vous plaît."

Aurais-je du me mettre dans une situation dangereuse pour tester aussi les pouvoirs du bracelet? Faire tomber les étagères sur ma personne, tout en me protégeant d'un bouclier, afin de voir si l'artiste se sentirait dans l'obligation de m'aider? La colère de Monsieur Pugh me prouve que l'artefact est fonctionnelle? Effectivement. Jamais n'aurait-il été dans un état de souffrance et de colère aussi intense si le bijou n'avait été qu'une vulgaire babiole. Mieux vaut donc ranger cette baguette avant de commettre catastrophe. Et je suis d'ailleurs en train de la ranger dans ma poche quand Adam apparaît. J'en sursaute, surprise. Stupide demoiselle que je suis...Il allait forcément transplaner à mes côtés et non passer par les escaliers pour frapper poliment à la porte. Si je suis gênée par sa proximité? Comme déjà dit, le restaurateur est bel homme mais le mépris qu'il a à mon égard m'empêche d'avoir toutes pensées issues d'une quelconque attirance sexuelle. Je n'ai jamais compris pourquoi désirer et fantasmer sur ce qu'on ne pouvait avoir. Et je vois aucun intérêt à admirer les traits d'un homme pour qui je ne suis qu'une vermine.

"Je marquerai ce jour d'une croix rouge sur mon calendrier. Jamais je ne vous avais encore entendu être d'accord avec la moindre de mes paroles. Ce bracelet possède un pouvoir plus puissant que je ne le croyais."

Je ne cherche qu'à changer de sujet. Non, je n'arrive point à comprendre si Adam me parle d'intimité charnelle ou de pouvoir discuter sans qu'une paire d'oreilles ne traînent. Et il m'est impossible de lui demander à quoi il pouvait bien penser. Je n'ai guère envie de l'entendre encore m'insulter car je suis incapable de correctement comprendre le second degré quand un être, que je ne connais point, en fait usage. Mes pensées changent vite quand il me demande si j'ai la moindre question. Mes yeux vers viennent se planter dans les siens.

"Pourquoi me méprisez-vous autant?" dis-je sans réfléchir. Je suis pleine de contradiction. Toutefois, je me rétracte vite, de peur d'entendre toutes ces raisons qui font que l'on ne m'apprécie guère."Oubliez! J'ai assez abusé de votre temps. Je vous souhaite de passer une excellente semaine."

Et je m'en vais pour transplaner quand une idée, mesquine, me passe par l'esprit. Mes lèvres s'approchent alors de sa joue pour y déposer un baiser. Oh, je ne ne doute pointe qu'Adam Pugh se rincera la peau avec bien du savon mais cette idée m'amuse. Je ne suis guère douée pour les insultes et pour être peste mais j'aime parfois m'inspirer d'autrui.

"Merci de ne point m'avoir torturé. Je vous promets de chercher une solution pour que vous n'éprouviez plus ces grotesques sentiments pour une idiote."

D'une certaine façon, mes paroles sont sincères. Si Adam ne peut me faire du mal physiquement, il aurait pu se montrer bien plus cruel par des dires qui m'auraient particulièrement affectés. Lui retirer le bracelet serait la meilleure façon pour qu'il ne m'aime plus? Certes mais, actuellement, je suis persuadée qu'il me le ferait violemment payer de l'avoir piégé. J'attendrais de trouver une solution. Je fini par lui glisser un petit au revoir avant de disparaître pour rejoindre l'entrée du musée et m'en aller doucement.