Advenio ut te postremo donarem munere mortis ~ Je viens pour te donner le don suprême de mort
Je suis mort un 23 juin 1979. Il pleuvait ce jour-là. Le ciel suait ses craintes, crachait sa rage et, surtout, vomissait son chagrin. Meurtri, comme nous l'étions tous en ces temps troublés, de l'autre coté de la manche. Mais ce n'est pas une façon de se présenter. J'en oublis les bonnes manières ! Disons qu'au moins l'abcès est crevé, l'épine est ôtée du pied. Cela ne vous aura pas échappé : oui, je suis un revenant. Un "ghost" comme on dit chez moi. Je suis né français mais, effectivement, je me considère comme Britannique. C'est sur cet île que je suis devenu un homme, devenu quelqu'un. L'Angleterre est mon foyer. J'aurai une requête à vous soumettre, si vous me le permettez. Après tout, je pense que vous aurez le temps... Rien d'extravagant, ne prenez donc pas cet air si inquiet mon tendre ami. Avant de vous en dire plus sur ce que je suis, je souhaiterai simplement, et non sans votre consentement, vous conter qui... j'ai été.
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Ah, je suis heureux de constater que cela vous intéresse ! Commençons donc par le commencement, et non par la fin.
Je suis né en France, en l'année sainte de 1945 et, plus précisément au cours d'un mois de février sec et glacial. J'ai effacé de ma mémoire le jour exact de cette première naissance. Lorsque l'on devient fantôme, comprenez-vous, nous célébrons notre anniversaire le jour de notre mort. Dans le jargon, nous désignons ce jour comme notre "deuxième naissance". Et bien oui, très cher ami! Vous vous imaginez, vous, vous dire chaque année "oh j'aurai eu trente six ans... Oh, diantre ! J'aurai eu quarante ans et j'aurai été tonton..."? Non, mieux vaut éclipser de notre mémoire la date anniversaire de cette "première naissance".
Originaire d'une famille de sang-purs haut-placée dans la société (vous n'avez pas la nécessité de connaître mon nom pour le moment), je passais mon enfance vautré dans l’innocence et le luxe. Je développais mes pouvoirs de sorcier très tôt. J'appris -à seulement quelques mois d'existence- à déplacer le biberon pour étancher ma soif et ma faim et ce, bien avant d'apprendre à marcher. Des lucioles vaporeuses gravitaient tout autour de mon lit pour me rassurer la nuit, bien avant que j'apprenne à parler. Enfant prodige, j'appris l'art de voler sur un balais à l'âge où les enfants moldus sont fiers de ramener des colliers de nouilles peintes à leurs mères.
Je fit bien évidemment parti de l'équipe de Quidditch de Beauxbattons durant mes études dans la prestigieuse école française. Je me pensais inégalable au poste de poursuiveur. "...". Vous dites ? Oh oui, les fayens auront tout de même perdu quelques matchs lorsque j'ai été en poste... Que voulez-vous, personne n'est parfait l'ami. Je dois reconnaître que j'avais parfois du mal à jouer en équipe. A partager la lumière des projecteurs. Cela nous aura valut quelques défaites. Aujourd'hui je le reconnaît. Ceux qui ont par contre fait preuve d'un manque certain d'intelligence en me le reprochant à l'époque s'en souvienne, je pense, encore. Bien. Où voulais-je en venir ?... Ah oui ! Tout me réussissait. Rien ne m'a jamais opposé la moindre résistance. Tout était trop facile. Tout m'était offert sur un plateau d'argent garni d'émeraudes, de rubis et de saphirs. Pourquoi suis-je mort si jeune alors, me diriez-vous ? Vous le découvrirez bien assez tôt. Reprenez donc du thé. Nous autres, anglais, aimons prendre le temps d'échanger autour d'une bonne tasse de thé. Les français sont de nature si impatiente... Ils veulent tout, tout de suite. Oui? Il n'y a pas thé. Imaginez mon ami. Croyez moi, ici votre imagination est votre plus belle amie.
Saviez-vous, qu'en latin, Donatus est l'adjectif issu du verbe "dono", pouvant avoir pour signification "faire grâce", ou encore "pardonner" ?
Je porte à présent ce nom comme une croix. Non sans regrets j'ai offert ma vie, ma mort et -depuis peu- mon pardon. Et, aussi étonnement que cela puisse paraître, dans cet ordre ci précisément !
Mais gardons ce passage pour plus tard mon jeune ami. Ne soyez pas si hâtif, voyons, nous y reviendrons ! Et comme dit le dicton : ne mettons pas la carriole avant les zombrals !
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En automne 1963, alors âgé de dix huit ans, j'entrepris un voyage pour Londres. Je réussis brillamment les examens pour entrer dans le cercle très fermé des Aurors britanniques. Je n'en éprouvais aucune fierté, bien que j'appréciais le charisme qu'accorder le titre. Je ne vous cacherai pas que j'avais espéré éprouver quelques difficultés à l'accomplissement de cette tâche. Il n'en était rien. Une pure déception. Encore une fois je continuais mon chemin sur ce petit sentier parfaitement entretenu que constituait ma vie. Il était solide, de terre battue, gris et froid. Morne. A l'image de ma vie, sans la moindre saveur. Si tout semblait alors me réussir ce n'était le cas qu'en apparence et en apparence seulement. En réalité je n'avais pas d'attaches. Je n'avais plus de liens avec ma famille que j'avais abandonné sans le moindre ressentiment en France. Leur niaiserie m'échauffait. Leur présence m'étouffait.
Je désirais plus que la petite vie toute tracée que mon nom et mon rang m'avaient octroyée. Oui. Tellement plus ! Mais à l'époque je ne savais pas de quoi j'avais besoin. J'étais tel une coquille vide. Ne connaissant ni les rêves, ni l'émerveillement, ni la passion... Et je vous avouerai que je jouissais du fait d'avoir cultivé un égo surdimensionné depuis mon plus jeune âge !
Rien ne pouvait m'atteindre... Ni souffrance, ni joie. Ni peur, ni enthousiasme.
Olalala si vous saviez...! Que cette période de ma vie fût longue... Une véritable épreuve. Même si, pour être franc, je commençais tout juste à sentir une sorte de "plaisir macabre" -comme j'aimais qualifier cette pulsion- dans l'accomplissement de l'exercice de mes fonctions. Cela m'avait pris trois ans mais je parvenais à m'habituer au sang (pas le mien évidemment), à la sueur (pas la mienne non plus cela va sans dire) et à la torture (dois-je réellement vous apporter des précisions...?).
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Au fil du temps, je me découvris... hem, certains... comment dire...? "Penchants". En réalité j'étais persuadé d'avoir réussi à mettre des mots sur mon mal.
Un seul mot précisément. Pouvoir. Oui le mot "pouvoir" mon jeune ami. C'est tout à fait cela. Cela doit vous rappeler des choses... Hem. Pour le jeune adulte que j'étais à l'époque rien ne valait la jubilation que l'on ressent lorsque les corps sont à notre merci, lorsque l'on détient le pouvoir sur l'autre. La domination était pour moi jubilatoire. Et c'était tant mieux car mon travail consistait à soutirer des informations aux mages noirs. Pour ma part, j'avais recours à des techniques moldus moyenâgeuses. Cela rendait la séance plus... palpitante. J'appréciais par dessus tout expliquer l'usage de telle ou telle technique de torture par les moldus, ou les différents moyens de se servir de tel ou tel objet... Pendant de loooongues minutes avant de m'en servir sur mes victimes. Dans ces moments là je vous jure ! J'avais toute l'attention du public dont je disposais à ma guise !
Oh ce que je m'en délectais... Je savourais chaque seconde, chaque goutte de sang haha ! Chaque ongle arraché ! Chaque nanomètre carré de peau brûlée... Chaque cri ! Chaque soupirs !!! Haha je me souviens à présent, fût une période (allez savoir pourquoi...) où j'utilisais la méthode du scaphisme. La piqûre des insectes des marécages est un véritable supplice... Cela remplissait mon âme d'une exaltation voluptueuse, un enivrement comme peu de gens ont la chance de pouvoir découvrir dans une vie. Quel petit chanceux j'étais !
De fait, je n'eu que du menu fretin durant mes premières années de service, je dois bien le reconnaître. Je torturais en effet plus par engouement que par sincère nécessité. Certains se perdre dans la drogue ou la luxure, moi j'avais un tout autre péché. Les pauvres, ils hurlaient tous "mais je vous ai tout dit aaaargggghhhh"... Ils ne comprendront jamais que je savais déjà tout bien avant de les effleurer de ma main à leur dernier éveil dans mon antre... Bien avant les avoir capturés. Bien avant leur massacre. Cependant, à la montée du Seigneur des Ténèbres, des mages noirs plus puissants et beaucoup plus... intéressants firent leur apparition.
Les combats -avant la torture donc- me prenaient beaucoup plus de temps. Ce qui me permettrait d'améliorer ma dextérité et ma répartie. Et cela m'excitait d'autant plus. J'étais comme un fou ! Gabriel, le lion affamé, enfermé dans une arène. Attendant les amuses-bouches, en se léchant les babines. Mon arène était le monde entier. A condition seulement d'être discret. Quelle joie ! Enfin de la difficulté ! Des contraintes ! De la résistance et de la profondeur! Il n'en fallait pas plus pour me pousser jusque dans mes plus sombres retranchements...
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Il arriva un moment où je me rendis compte –très certainement à force de côtoyer de trop près les mangemorts- que je n'étais pas le clan qui me convenait. Faire parti des mangemorts m'offrirait alors encore plus de libertés, de pouvoir, que de rester simple Auror. C'est en tout cas ce que beaucoup de mes victimes semblaient m'avoir soufflé dans leurs derniers mots. Pour que je les épargne. Vous pensez bien qu'ils ne furent pas épargnés mais l'idée de retourner ma cape -à défaut d'avoir une veste- avait germé. Le plus compliqué avait été de rentrer chez les mangemorts. Ils se montraient méfiants avec les "nouvelles recrues". Ils avaient eu besoin de me voir à l'oeuvre. Je fûs alors plus qu'enchanté de leur accorder mes services, de leur montrer de quoi j'étais capable, de quel sang j'étais fait. Cela élargissait mon public. Une public toujours en vie à la fin de la séance, qui plus est. Une fois entré dans "la maison" -si je puis m'exprimer ainsi- cela devenait beaucoup plus simple. Je devins alors rapidement l'un des favoris de Lord Voldemort. Mes talents n'en étaient pas forcément responsables. Même si je le cru, au début. Ma fonction d'Auror, surtout, avait aiguisé sa curiosité et nourri son appétit. Je n'étais qu'un pion pour le Seigneur des ténèbres. Un pion utile. Et donc, un pion haut-placé de la chaine alimentaire et cela me convenait. Pour la première fois de ma vie, je ressentis un brin de fierté.
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Voyez comme j'ai été dans l'erreur pendant plus de quinze ans. Il est étrange que je ne m'en sois rendu compte qu'après ma mort... Être libéré de la chair apporte tellement de clarté... Oh si si, vous le verrez vous aussi. Vous saurez tout. "Pas tout de suite" hein ? On pense tous que cela ne viendra que bien plus tard. Je vais vous dire : il n'y a qu'à me regarder pour se rendre compte que cela peut arriver demain. Moi en tout cas, je ne l'ai pas vu venir...
Je n'étais pas vieux, comme vous. Je n'irai pas jusqu'à dire que je ne le méritais pas. J'aurai simplement aimé avoir l'opportunité de partir en paix. De peser sur la balance. De changer ces quinze dernières années. Mais comme je vous l'ai déjà dit, à ce moment-là encore, je ne me rendais pas compte de l'abjection de mes actes. De l'ignomie de mon être. Mais je vais encore trop vite. Il vous manque un chapitre... Revenons-y l'ami.
*** soupir ***
Le seigneur des ténèbres me confia un jour une mission délicate. Il me demanda de surveiller les activités de l'un de ses bras droits. Il ne le dit pas de façon claire, mais il semblait avoir des doutes concernant l'honnêteté de cet homme. Il donna sèchement l'ordre car avouer craindre le pouvoir d'occlumancie d'un autre que lui était inconcevable pour sa personne. Nul ne pouvait duper le Seigneur des Ténèbres. D'un autre coté cet homme s'avérait utile. Lord Voldemort devait avoir d'autres projets pour lui que la mort.
Au fil des mois, j'appris à connaitre l'homme. Effectivement très difficile à sonder. Je n'étais pourtant pas mauvais légilimant. Lord Voldemort non plus, vous me diriez, et je vous écouterai.
Son esprit demeurait hors de ma portée. Jamais de ma vie je n'avais éprouvé pareil difficulté. Je me surpris alors à apprécier l'homme. Je perdis de vue ma tâche.
J'aurai voulu qu'il s'abandonne à moi. Autant par son esprit que par son corps. Ce qu'il ne fit jamais. Nous devenions des partenaires de missions et de combats. Travaillant ensemble, j'en profitais pour observer ses moindres faits et gestes. Je m'assurais qu'il n'était en communication avec aucun membre de l'ordre. Il me paraissait levé de tout soupçons. Je lui appris quelques techniques de tortures plutôt exotiques (du genre que je gardais sous le coude pour du gros gibier ou des occasions spéciales...). Il m'apprit en retour des sortilèges tels que Sectumsempra ainsi que des recettes de potions aux effets dévastateurs. Cet homme aurait pu faire exploser tout un pays comme l'Angleterre avec seulement un flacon de liquide.
Je ressentais pour la première fois ce que l'on nomme l'admiration. Je ne parvins pas à dompter ce sentiment. Tel un animal sauvage, il m'était impossible de l'apprivoiser. Il dévastait tout sur son passage. C'était lui le lion à présent. Il brûlait tout en moi. Mes tripes, mes alvéoles, mes atomes... Moi qui avait été si vide, si froid toute mon existence durant... Mon cœur se transformait en braises ardentes. Je ne me reconnaissais pas. Je ne reconnaissais plus le monde. Plus qu'un camarade. Il était mon maître, et ce malgré son jeune âge. J'aurai pu mourir pour lui. Nous étions intimement lié. C'est en tout cas ce que je croyais...
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Notre aventure dura deux années. Ainsi aveuglé je n'aurai jamais pu être préparé à ce qui allait arriver. Je le surpris avoir une expression que je ne lui reconnais pas. Il semblait perdu, anéantis par le chagrin. Il ne dormait plus depuis des jours. Pour la première fois, je sentis la fragilité de mon camarade. Baissant sa vigilance, et épuisé de ses nuits blanches à nourrir ses idées noires, je pus enfin percer ses défenses. Une voix désincarnée retentit dans mon esprit...
"Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois..."
C'est à ce moment-là que je le vis sous son vrai visage. En traître.
Je m'en souviens comme si cela s'était produit hier, l'ami. Je perdis mes repères, je perdis pieds. Mes jambes s'affaissèrent mais mon corps resta droit et je me retrouvais sur les genoux, les bras ballants, la bouche sèche et la gorge nouée. Ce n'était pas le Seigneur des Ténèbres qu'il s'était hâté de prévenir. Non. Le traître était allé trouver Dumbledore. Il lui avait rapporté les faits. Il savait. Severus savait. Il connaissait l'identité de l'enfant. Et il avait choisi de protéger celui qui aurait, peut-être eut, un jour le "pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres". Il se retourna et nos regards se croisèrent. Nous nous comprîmes en un instant et dégainèrent nos baguettes d'un même geste.
- Stupéfix !- Protégo !
Le tonnerre gronda lorsque je tonnais :
- Tu as trahis le Seigneur des Ténèbres !- Sectumsempra !
- Impedimenta !Je me relevais d'un bond. Les sorts fusaient de toute part. Vous auriez pu croire que deux armées entières se livraient bataille. Il n'en était rien. Nous étions deux. Mais nous nous battions avec toute la rage dont nous pouvions faire preuve. Les fenêtres éclataient à nos côtés, le sol se brisait sous nos pieds, le plafond s'envolait au dessus de nos têtes. Il pleuvait dans le salon, comme il pleurait dans mon cœur et dans le sien. Il n'essaya pas de s'expliquer. Je ne souhaitais pas plus qu'il se justifie d'ailleurs. I don't care comme on disait chez nous. C'est par la suite, durant ma vie de fantôme que je compris. Mon camarade venait de perdre une chose que je n'avais fait qu'effleurer durant ma vie et que je ne vivrais jamais. Il avait, et pour toujours, perdu son âme sœur, celle qu'il aimait.
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Mais à cet instant je désirai sa souffrance et sa mort, plus que je ne l'avais jamais désiré pour quiconque d'autre. (C'était dire...). Nous hurlions d'une même voix.
La pluie flagellait nos visages, s'enfonçait dans nos yeux. Les miens verts, qu'il haïssait, les siens, noirs, si sombres. Je voulais offrir sa dépouille à Lord Voldemort, comme un trophée. En y repensant maintenant je m'en rends compte d'à quel point j'ai pu être stupide ce jour-là. Voldemort avait été détruit par cette femme. Je n'avais -pour ma part- pas encore compris l'ampleur de son absence. Cela avait du se passer -tout au plus- deux jours avant ma scène finale.Tout m’apparaît clairement à présent. Si j'avais pu -à peine- effleurer son esprit pour entendre ces quelques mots, c'est que mon camarade, lui, savait. Le Seigneur des Ténèbres n'était plus. Ainsi évaporé, Severus avait baissé sa vigilance. Je ne l'impressionnais guère. Et... surtout, il n'avait plus rien à perdre. Moi si. Et je perdis.
A l'issue du combat, lorsque je tombais, le corps fendu de plaies, il resta droit. Il n'y eut pas de derniers mots échangés. Rien. Seule la froideur du sol trempé qui glaçait aussitôt le sang qui s'évadait de mon corps lacéré. J'avais cru être un ami. Non, plutôt... J'avais cru
avoir un ami. J'avais pensé avoir de l'importance pour lui. Il n'en était rien. Mon camarade m'avait simplement toléré. Cet homme-là n'avait que la solitude comme amie. Ca aussi, c'est trop tard que je l'ai compris.
I cannot leave here, I cannot stay
Forever haunted, more than afraid
Asphyxiate on words I would say
I'm drawn to a blackened sky as I turn blue
There are no flowers, no, not this time
here will be no angels gracing the lines, just these stark words I find
I'd show a smile but I'm too weak
I'd share for you, could I only speak, just how much this hurts me
A ma mort, je ne pus partir. Mais je ne pouvais pas non plus rester. Résigné à ne ni vivre, ni mourir, ni tomber, ni me relever, je fus, par conséquent, longuement attaché à cette vieille maison de l'impasse du Tisseur. J'étais étroitement lié à ce lieu. Ironie du sort, j'y restais jusqu'à la mort de son propriétaire, et donc, de mon meurtrier. Pendant plus de vingt ans j'appris à réellement connaître cet homme dans toute sa complexité, dans toute sa noirceur et dans toute sa lumière. Au début, disons, hum, les dix premières années, j'essayais -en vain- de le résonner. De le ramener dans le "droit chemin". Celui des mangemorts, oui, bien entendu. Je vous épargne les sermons et scènes épiques. Je ne lui ai pas rendu la vie facile durant ces vingt ans. Je m'assurais, en quelques sortes, qu'il ne m'oublie pas. Pour autant, laissant aux vivants la vie, je ne voulus en aucun cas intervenir dans les événements qui allaient se dérouler. Nous autres fantômes, n'avons certes plus de cœur pour battre dans notre poitrine. Nous n'en avons pas pour autant perdu nos valeurs.
Honnêtement, c'est lorsque Harry Potter fît son entrée à Hogwarts que je compris que je perdais mon temps. Je n'étais pas resté pour le conduire à retrouver foi en notre Maitre. J'ouvris alors les yeux, presque onze ans après ma mort. J'étais resté pour retrouver foi -tout comme Severus l'avait fait avant moi- en... l'amour? Ou, disons... retrouver foi en autre chose qu'au dépeçage.
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Après la mort de mon Murderer, j'errais. Je ne comptais pas les semaines, ni les mois, ni même les années. Je perdis le compte très vite. C'est alors, en lisant une gazette par hasard du coin d'un œil, que je trouvais comment concrétiser cette nouvelle "mission" qui m'incombait.
Je n'avais pas su remettre Severus dans ce que je pensais -à l'époque- être le droit chemin. Je parviendrais à faire découvrir la véritable lumière à mon Neveu. Je me rendis à Azkaban, en 2015, où il se trouvait enfermé. Vous me suivez ?
Sous la tempête qui fouettait la mer, je me rendis compte du temps qui s'était écoulé. Pour la première fois depuis le départ de mon pays natal je me demandais ce qu'il pouvait être devenu. Quel avait été l'impact de Celui-dont-je-ne-proncerai-plus-le-nom de ce coté-ci de la manche... en... France ? Quels autres événements magiques s'était-il produits depuis...? Où en était les moldus dans tout ça ? Avec très certainement un essor de leur technologie effrayante ? Qu'était devenu la noble école de BeauxBatons? Était-elle toujours debout ? Avait-elle était épargnée par les décennies et les actes des sorciers? Ou avait-elle eu son lot de drames et de bouleversements, à l'image de Poudlard ? Je le saurai sans doute très prochainement. Bientôt oui, je rattraperai mon retard. Je décidais afin d'agir. Pour la première fois en tant que fantôme.
Voilà que je me trouve devant une cellule close et pour tout vous dire, j'appréhende. Je vous parle depuis tout à l'heure, Adam. Je m'exerce à vous raconter qui fût votre oncle. Votre magie m'impressionne. Vous m'effrayez, Adam. Je n'éprouve pas de honte à vous dire que j'ai peur de vous. Mes penchants ont par le passé été si proches des vôtres... Me feriez-vous replonger ? Ou arriverai-je à vous guider ? Adam, mon jeune ami. Mon tendre neveu. Je n'ai plus grand chose sur cette Terre. Pas même un corps. Vous êtes tout ce qu'il me reste. Je veux m'employer, même s'il le faut durant une éternité, à vous rendre meilleur que je ne l'ai été. Adam, ça sera vous, ma rédemption.
Les détarqueurs ne me remarquent pas. Je n'ai ni cœur qui bat, ni âme qui vive. Je ne suis que l'empreinte laissé par Gabriel Donatus. L'homme qui du mourir pour devenir bon...
La suite...? Elle reste encore à écrire... Le problème ? Je n'ai que le tiers des cartes en main. Deux personnes, dont l'enfant de ma sœur, c'est à dire vous Adam, détiennent le reste du jeu.